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Libération
Irak

Les forces irakiennes entrent dans l'aéroport de Mossoul

La bataille de Mossouldossier
Les forces irakiennes sont entrées dans l'aéroport désaffecté de Mossoul, porte d'entrée vers les quartiers occidentaux de la grande ville toujours aux mains des jihadistes.
Des troupes américaines, au sud de Mossoul, avant l'offensive sur l'aéroport de la deuxième ville irakienne, le 22 février 2017. (Photo Ahmad al-Rubaye. AFP)
par AFP
publié le 23 février 2017 à 10h58
(mis à jour le 23 février 2017 à 13h24)

Soutenues par des frappes aériennes de la coalition internationale dirigée par Washington, les forces irakiennes sont entrées ce jeudi dans l’aéroport de Mossoul, pour la première fois depuis que les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) se sont emparés de la zone en 2014, ont constaté des journalistes de l’AFP. L’assaut a été déclenché au cinquième jour de l’offensive pour finir de reprendre la totalité de Mossoul, dernier grand bastion du groupe extrémiste sunnite en Irak.

«Nous sommes entrés dans l'aéroport et nos unités du génie sont en train de nettoyer les routes» des engins explosifs laissés par l'EI, a indiqué Hicham Abdul Kadhem à des journalistes de l'AFP sur le terrain. Cet homme commande le régiment Scorpion des Forces d'intervention rapide (FIR) du ministère de l'Intérieur, qui, avec la police, mène cette offensive depuis le sud.

Les forces irakiennes contrôlent les parties sud et ouest de l’aéroport, a précisé le commandant Kadhem, en indiquant que des démineurs avaient commencé à désamorcer les engins explosifs laissés par les jihadistes. Le commandement régional, qui coordonne l’opération, a également annoncé que les forces d’élite du contre-terrorisme avaient pénétré sur la base militaire voisine de Ghazlani, où des soldats étaient stationnés avant que l’EI ne s’empare de la ville en juin 2014.

La reprise de l’aéroport, point clé, va ouvrir la voie à un assaut sur la périphérie sud-ouest de Mossoul, à proximité des rives du Tigre, le fleuve qui coupe la ville en deux.

Un avion de l’armée a largué des milliers de lettres

Le nombre exact de jihadistes présents sur l'aéroport n'est pas connu mais des images satellites ont montré qu'ils avaient endommagé la piste. Selon des responsables américains du renseignement, quelque 2000 combattants de l'EI restent toujours retranchés dans Mossoul. Leur nombre était estimé à entre 5000 et 7000 avant le début de l'offensive sur la ville le 17 octobre.

Cette nouvelle avancée intervient un mois tout juste après la reprise de la partie orientale de la ville, où la sécurité reste précaire, plusieurs attentats ayant frappé des zones «libérées». Ces derniers jours, les forces irakiennes avaient consolidé leurs positions et repris plusieurs zones autour de Mossoul, permettant à des centaines de civils de fuir leurs villages.

Alors que la bataille s'annonce comme l'une des plus meurtrières de la guerre anti-EI, l'ONU et les ONG s'inquiètent pour les quelque 750.000 habitants de Mossoul-ouest, dont près de la moitié sont des enfants. Leurs conditions de vie sont de plus en plus précaires dans cette zone désormais coupée de l'extérieur et privée d'approvisionnement.

Mercredi soir, un avion de l'armée a largué des milliers de lettres écrites par des habitants de Mossoul-Est destinées aux civils bloqués sur la rive ouest. «Soyez patients et aidez-vous les uns les autres (...) La fin de l'injustice est proche», peut-on lire sur l'une d'entre elles, signée «Des gens du côté est». «Restez chez vous et coopérez avec les forces de sécurité. Ce sont vos frères, venus pour vous libérer», conseille une autre. Selon des sources médicales et des habitants s'exprimant de Mossoul-ouest sous le couvert de l'anonymat, les plus faibles commencent à mourir de malnutrition et du manque de médicaments.