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Libération
Une semaine à la Maison Blanche

Immigration, «nouvel ordre mondial» et guerre contre les médias : Trump persiste et signe

Le président des Etats-Unis a passé la semaine à garder son cap. Chronique au jour le jour, comme chaque week-end.
Donald Trump devant la Maison blanche, le 24 février. (Photo : Brendan Smialowski. AFP)
publié le 25 février 2017 à 9h48

Samedi 18 février - Love me, please love me

Empêtré dans les polémiques (démission de Flynn, liens avec la Russie, guerre ouverte avec les médias), bunkerisé à la Maison Blanche, Donald Trump avait désespérément besoin d'une bouffée d'oxygène et de l'adoration de ses fans. Pour cela, rien de tel qu'un gros meeting sous le soleil de Floride, son État d'adoption. «Je suis ici parce que je veux être parmi mes amis et parmi le peuple», lance le président. Il fait même monter sur scène Gene, arrivé sur place à 4 heures du matin pour être au premier rang. On se croirait en campagne, sauf qu'en arrière-plan, sur le tarmac de l'aéroport de Melbourne, Air Force One a remplacé Air Trump One. Pour le reste, Trump fait du Trump. Mêmes promesses : supprimer Obamacare, construire le mur avec le Mexique, anéantir Daech, créer des emplois. Mêmes cibles : Barack Obama («Croyez-moi, j'ai hérité d'un grand bazar») et la presse («Les médias malhonnêtes qui publient des fausses histoires à la chaîne sont devenues une part importante du problème»). Dans la foule, certains fans brandissent des pancartes «Trump 2020». Tout juste élu, Donald Trump est déjà en campagne.

Dimanche 19 février - «La Suède, qui l’aurait cru ?»

Journée étonnamment calme sur le compte @realDonaldTrump. Un seul tweet, posté de surcroît à une heure décente : 16h57. Le président y parle de la Suède : «Ma déclaration concernant ce qui se passe en Suède était une référence à un reportage diffusé sur @FoxNews à propos des immigrés et de la Suède». Flashback. Lors de son meeting de la veille, alors qu'il parlait de la menace terroriste en Europe, Donald Trump avait dit ceci : «Regardez ce qui s'est passé hier soir en Suède. La Suède, qui l'aurait cru ? La Suède. Ils ont accueilli beaucoup de réfugiés, et maintenant ils ont des problèmes comme ils ne l'auraient jamais pensé». Du coup, tout le monde a regardé. Faisait-il référence à un attentat ? Des émeutes ? Personne n'a trouvé. Dans le pays scandinave, la remarque a provoqué un mélange de stupéfaction et de réponses amusées. Un ancien Premier ministre suédois s'est demandé ce que Donald Trump avait fumé. Vous avez dit «fake news» ?

Lundi 20 février - Un militaire de plus

En ce jour férié de President's Day, certains célèbrent Donald Trump. D'autres non. Aux quatre coins des Etats-Unis, des manifestations sont organisées sous la bannière «Not my president». Rien à voir toutefois avec le raz-de-marée de la Women's March. A New York, environ dix mille personnes se réunissent. «J'ai l'impression d'être dans un avion piloté par un fou», dit Remy à Libé. Au même moment, Donald Trump, lui, choisit le nouveau pilote de son équipe de sécurité nationale. Et sans surprise, c'est… un militaire. Après les généraux retraités Mattis au Pentagone et Kelly à la Sécurité intérieure, Trump nomme le Lieutenant-Général McMaster pour remplacer le général Flynn, poussé à la démission sur fond de liens troubles avec Moscou. Donald Trump, on le savait, apprécie l'autorité. En nommant une troïka de généraux ayant tous servis en Irak pour le conseiller en matière de sécurité, il renforce une tendance entamée sous Bill Clinton : l'ascendant pris par le militaire sur le diplomatique.

Mardi 21 février - Presque personne n’est à l’abri

Pour les quelques onze millions de personnes vivant aux Etats-Unis en situation irrégulière, la peur est brutalement montée d’un cran. Ce mardi, le département de la Sécurité intérieure émet des nouvelles directives à destination des forces de l’ordre. Le message est clair : à l’exception des «Dreamers», arrivés enfants sur le sol américain et protégés par un décret encore en vigueur de Barack Obama, tous les sans-papiers risquent l’expulsion. Les associations dénoncent une chasse aux sorcières, les pro-Trump y voient une simple application des lois en vigueur. Une certitude : sur ce thème central de sa campagne, Donald Trump a visiblement l’intention de tenir ses promesses. Et tant pis pour les dégâts - humains et économiques.

Mercredi 22 février - Au plus bas

Pendant la campagne, les sondages se sont presque toujours plantés au sujet de Donald Trump. Est-ce toujours le cas ? Le milliardaire doit l'espérer car selon toutes les enquêtes d'opinions, il bat des records d'impopularité. Mercredi, l'université Quinnipiac a publié sa dernière enquête. Verdict : seuls 38% des électeurs estiment que Trump fait du bon travail, 55% désapprouvent son action. Du jamais vu aussi tôt dans une présidence. Maigre lot de consolation pour Donald Trump : selon un autre sondage du Pew Center, les électeurs républicains lui font davantage confiance qu'aux leaders de leur parti au Congrès. En même temps, comme le disait récemment Arnold Schwarzenegger dans une vidéo virale, «voilà une liste de choses qui sont plus populaires que le Congrès : les hémorroïdes, les embouteillages, les cafards, les colonoscopies et l'herpès». Vu sous cet angle…

Our Congress is less popular than herpes. -- Arnold Schwarzenegger

Posted by ATTN: on Tuesday, February 14, 2017

Jeudi 23 février - «Un nouvel ordre politique»

Pour une fois, le stratège est sorti de l'ombre. Eminence grise de Donald Trump, ennemi juré des anti-Trump qui le considèrent comme la personnalité la plus dangereuse de l'administration, Steve Bannon s'est exprimé jeudi en public, lors du grand raout des conservateurs américains. Son discours, mélange de nationalisme et de populisme, n'a fait que renforcer les inquiétudes de ses détracteurs. «Un nouvel ordre politique est en train de se former», a déclaré Bannon, fervent défenseur du «nationalisme économique». Celui qui qualifiait récemment la presse de «parti d'opposition» s'est dit persuadé que la relation entre l'administration et les médias allait «empirer chaque jour». «Si vous pensiez qu'ils allaient vous rendre votre pays sans combattre, vous vous trompez», a lancé Bannon aux ultra-conservateurs. La guerre est déclarée.

Vendredi 24 février - Liste noire

Fin manipulateur, Donald Trump sait pertinemment que lorsque les médias parlent des médias, ils passent pour une caste autocentrée, davantage préoccupée par ses intérêts que par ceux de la nation. Difficile pourtant de ne pas évoquer cet incident survenu vendredi après-midi à la Maison Blanche : l'administration Trump a privé arbitrairement plusieurs organes de presse majeurs - dont le New York Times, CNN et Politico - d'accès au briefing du porte-parole, Sean Spicer. Par solidarité avec leurs collègues refoulés, l'agence américaine Associated Press et le magazine Time ont boycotté le briefing. Mais tristement, nombre de médias - Reuters, Bloomberg, le Wall Street Journal, ABC ou encore l'Agence France Presse - ont en revanche choisi d'y assister. L'association des correspondants de la Maison Blanche a «protesté avec force» contre cette décision, qualifiée d'«anti-démocratique et inacceptable» par Reporters sans frontières.