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Libération
Il était une fois

S'il te plaît, drag-queen, raconte-moi une histoire...

Aux Etats-Unis, de véritables «princesses» lisent des contes aux petits. Une première familiarisation avec des personnes d'un genre différent.
Une drag-queen vient régulièrement lire des contes de fée aux enfants qui fréquentent la bibliothèque Park Slope, à Brooklyn. (Photo issue de la page Facebook des Drag-Queen Story Hour.)
publié le 26 février 2017 à 14h35

Une fois par mois, pour la lecture du samedi de la Park Slope Library à Brooklyn, les enfants se pressent pour «la petite histoire de la drag-queen» (la «Drag-Queen Story Hour», dans le texte). Hautes perruques poudrées, robes extravagantes et cils titanesques, ce sont de véritables princesses qui montent sur scène pour lire aux petits l’histoire du jour. Des contes de fées, mais aussi et surtout des contes féministes (en partenariat avec les Feminist Press).

Les artistes se préparent pour ces lectures comme pour leurs plus belles revues, dans les clubs de Harlem de New York ou du Castro à San Francisco. «C'est la génération future, la façon dont nous sommes avec eux aujourd'hui a des conséquences sur les adultes qu'ils seront dans 30 ou 40 ans», a expliqué Merry Cherrie au site Vice. J'espère que quand ils seront un peu plus vieux, qu'ils croiseront des personnes un peu différentes d'eux, ils ne resteront pas scotchés là ou feront des blagues.»

«Des modèles glamour»

Qu'elles soient rondes ou fines, afro ou sino américaines, Merry Cherrie, Panda Dulce, Michelle Tea, Pickle, Honey Mahogany, Ona Louise et les autres offrent aux enfants une récréation humaine dont ils s'enchantent. Et la bibliothèque devient lieu de culture sociale. Interrogée par Vice, Megan Tuohy une mère de famille rapporte: «Dès leur naissance, les enfants sont poussés à s'identifier dans des rôles de genre, ce qui est absurde. Je veux que ma fille soit qui elle décide d'être.»

Le concept des «Drag-Queen Story Hour» a été pensé à l'automne 2015, à San Francisco, par Michelle Tea, contributrice pour les revues Bitch magazine ou the Believer, à l'époque directrice de la maison d'édition queer-friendly RADAR.

«Les Drag-Queen Story Hour, c'est exactement ce que vous pensez: des drag-queens qui lisent des livres aux enfants de leurs quartiers, dans les bibliothèques ou les écoles, peut-on lire sur le site. Le but est de capter l'imagination des enfants et jouer avec la fluidité de genre propre à l'enfance pour donner aux enfants des modèles glamour, positifs et sans gêne.»

Les lectures ont lieu plusieurs fois par mois, à San Francisco, New York ou Los Angeles, et le concept a même essaimé jusqu’en Nouvelle-Zélande. L’opération fera-t-elle des émules en France (avec des drag-kings aussi)? On croise les doigts.