Prenez un film des années 70 ou 80, un vieux Chabrol ou un vieux Sautet par exemple, voire une série américaine dont l'action se situe dans les années 50 comme Mad Men, et ça vous sautera à la figure : le nombre invraisemblable de cigarettes fumées par les comédien(ne)s, souvent l'une allumée au mégot de la précédente. A l'époque, on fumait comme on respirait, sans s'en rendre compte, sans penser un instant aux effets nocifs sur la santé. On sait aujourd'hui que fumer tue. Et cette prise de conscience, on la doit à toutes celles et ceux qui, des décennies durant, ont osé affronter le lobby du tabac et dénoncer ses contre-vérités. Il y a fort à parier que, dans quelques décennies, les générations futures nous regarderont avec consternation laver nos cheveux, nos dents et notre vaisselle avec le premier produit qui nous tombe sous la main (pas le même pour les dents et la vaisselle, c'est mieux), sans regarder attentivement l'étiquette pour vérifier qu'il ne contient aucune sorte de perturbateur endocrinien. Car plus le temps passe, plus les signaux d'alarme clignotent. Certaines de ces substances seraient extrêmement dangereuses pour la santé, soit individuellement, soit associées à d'autres. Les experts ne cessent de le clamer mais les lobbys industriels sont encore si puissants que certains Etats calent devant la nécessité de légiférer pour les rendre plus visibles sur les étiquettes, voire mieux les encadrer ou les éliminer de notre vie quotidienne. La Commission européenne, si décriée ces derniers temps, se dit prête à interdire aux Etats de s'abstenir sur le sujet, ce que beaucoup font par lâcheté. Mais si l'on en est là, à espérer qu'un Etat ne s'abstienne pas sur cette urgence de santé publique, c'est qu'on est vraiment loin du compte. Ou qu'on n'a rien compris. C'est maintenant qu'il faut bouger. Avant que les générations futures nous reprochent de n'avoir rien fait.
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