La ville de Stuttgart, très encaissée, est l'une des plus polluées d'Allemagne. Menacé par plusieurs plaintes pour non-respect des normes européennes de qualité de l'air, le Land du Bade-Wurtemberg, dirigé par une coalition des Verts et de la CDU, a adopté fin février une mesure qui pourrait faire tache d'huile dans le pays : la fermeture du centre-ville de sa capitale régionale aux véhicules diesels les plus polluants en période de pic de pollution. La mesure, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2018, fait polémique.
Lassée de voir les grandes villes d'Allemagne régulièrement dépasser les normes européennes fixées par la Commission en termes d'émissions de particules fines et de dioxyde d'azote, l'association environnementale allemande DUH porte plainte contre 16 villes du pays, incapables de respecter les limites. «Nous voulons l'interdiction totale de tous les véhicules diesels, avec quelques rares exceptions pour les véhicules utilitaires tels que ceux de la police ou des pompiers», explique Jürgen Resch, le président du DUH. Le tribunal administratif de Stuttgart est le premier à réagir, ordonnant aux autorités régionales de présenter un plan antipollution avant fin février 2017. Le gouvernement du Land propose une solution nationale : l'instauration d'une vignette valable pour tous les véhicules à faibles émissions toxiques, c'est-à-dire les moteurs à essence répondant à la norme Euro 3 et les moteurs diesels de norme Euro 6. Le projet a beau être soutenu par 10 des 16 Länder allemands, le ministre fédéral des Transports le bloque. Le Bade-Wurtemberg se rabat alors sur une solution régionale. A compter de 2018, l'interdiction de circuler dans le centre de Stuttgart concernera les moteurs diesels ne répondant pas à la norme Euro 6, c'est-à-dire vieux de plus de deux ans.
A Stuttgart, 600 000 habitants, la mesure concernera 70 000 véhicules, 60 à 70 jours par an, surtout l'hiver. En 2015, la ville n'a pas respecté les normes anti-pollution pendant 72 jours ; 61 jours en 2016 ; et déjà 30 jours depuis le début de l'année 2017.«Nous avons essayé de respecter les normes en faisant appel à la bonne volonté des automobilistes, en cherchant à encourager le covoiturage, le recours aux transports en commun ou au vélo, mais ça n'a pas marché, regrette Edgar Neumann, porte-parole du ministère régional des Transports. Pour obtenir un résultat sur la qualité de l'air, il faudrait que 20 % des automobilistes renoncent à utiliser leur voiture. On n'a obtenu qu'un recul de 3 à 5 % des trajets.» Düsseldorf et Munich, également visés par des plaintes du DUH, devraient présenter des plans similaires à ceux de Stuttgart. «La population n'accepte plus de supporter la dégradation de l'air», assure Jürgen Resch, rappelant que les tribunaux sont pris d'assaut par des plaintes de riverains excédés par les dépassements d'émissions toxiques. Au pays de l'automobile-reine, 61 % des Allemands se déclarent aujourd'hui favorables à une interdiction des moteurs diesels.