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Libération
Analyse

A Astana, les pourparlers sur la Syrie mal engagés

publié le 14 mars 2017 à 19h46

Les deux premières sessions de négociations sur la Syrie à Astana, capitale du Kazakhstan, n'avaient abouti qu'à des déclarations de principe et à une trêve régulièrement violée. La troisième, qui a débuté mardi, ne devrait pas plus se conclure par une quelconque avancée. Placé sous l'égide de la Russie et de l'Iran, alliés du régime de Bachar al-Assad, ainsi que de la Turquie, soutien d'une partie de la rébellion, le sommet a été maintenu en dépit de l'absence annoncée de l'une des principales, et indispensables, parties concernées : l'opposition syrienne armée. Son représentant, Ossama Abou Zeid, a justifié le boycott par «des promesses non tenues liées à la cessation des hostilités». Le régime syrien a répliqué en attaquant la Turquie, coupable selon lui de ne pas avoir réussi à convaincre les rebelles de participer aux réunions. Lors du précédent sommet, clos le 24 janvier, Moscou, Téhéran et Ankara avaient déclaré qu'ils consolideraient le cessez-le-feu décrété un mois plus tôt et qu'ils useraient de «leur influence» pour «prévenir toute provocation» qui engendrerait des combats. Le texte n'avait été signé ni par le représentant du régime syrien ni par celui de la rébellion. La trêve est depuis plus que vacillante. Les bombardements se poursuivent. La province d'Idlib et la région de la Ghouta, à proximité de Damas, sont régulièrement visées.

Initié par Moscou, le processus d'Astana avait débuté fin décembre, juste après la reprise d'Alep-Est par le régime syrien et ses alliés. «Les Russes ont profité de l'absence des Américains, en pleine transition entre Obama et Trump, pour imposer leur propre système de discussions. Et nous, nous ne pouvions de toute façon pas refuser, nous étions trop faibles avec la perte d'Alep», dit le conseiller politique d'un groupe rebelle. Les discussions se déroulent depuis parallèlement à celles d'un autre processus, celui de Genève, voulu par les Etats-Unis et supervisé par les Nations unies. Aucun des deux n'a pour l'instant donné un début de résultat probant. Ils se heurtent au même obstacle. Damas se dit toujours déterminé à reprendre le contrôle de la totalité du territoire syrien et assimile les rebelles, y compris ceux de l'Armée syrienne libre représentés à Astana lors des précédentes sessions, à des «terroristes». Pour ses soutiens iraniens et russes, Al-Assad doit rester au pouvoir. L'opposition syrienne, armée et politique, continue, elle, à exiger son départ.