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Libération

La télé publique, un prétexte à de nouvelles élections en Israël ?

publié le 20 mars 2017 à 20h46

Des élections anticipées en Israël ? A priori, il n’y a aucune raison : situation sécuritaire relativement stable, économie florissante, plein emploi… Mais les tensions au sein de la majorité sont très fortes. Ainsi, le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman (leader de l’extrême droite laïque), et son homologue de l’Education, Naftali Bennett (chef de file de l’extrême droite nationaliste religieuse), s’insultent publiquement à propos des femmes dans l’armée. Le premier estime qu’elles ont le droit d’exercer des fonctions combattantes et le second que leur place est à la cuisine et à la maternité.

L’autre motif de tension oppose Benyamin Nétanyahou à son ministre des Finances, Moshe Kahlon (droite modérée). Car durant la précédente législature, le Likoud a décidé de fermer la radiotélévision publique israélienne (IBA), prétextant qu’elle coûte cher et que son audience est faible. En réalité, Nétanyahou et ses proches ne supportent pas l’indépendance des journalistes de l’IBA. Voilà pourquoi le pouvoir voulait la remplacer par un nouveau groupe, le PBC (Public Broadcasting Corporation). Un budget a donc été voté (200 millions d’euros par an, contre le double pour l’IBA), des studios créés et quelques centaines de personnes engagées.

Affaire classée ? Non, car Nétanyahou a changé d'avis la semaine dernière. Et décidé que l'IBA devait perdurer alors que le PBC, qui est censé émettre à partir du 30 avril, est «totalement inutile». Or, le ministre Kahlon s'oppose à ce revirement, donc à Nétanyahou. Et celui-ci affirme qu'il est «prêt à aller aux élections» pour imposer son point de vue. A priori, faire tomber son propre gouvernement pour une question d'ego n'a aucun sens. Sauf que le leader du Likoud sait qu'une campagne électorale ferait passer au second plan les trois enquêtes judiciaires le concernant ainsi que son entourage. Plus particulièrement le «dossier 1000», qui risque de lui valoir une inculpation pour corruption dans moins d'un mois pour avoir sollicité des «cadeaux» (cigares, champagnes, bijoux etc.) d'au moins deux milliardaires en échange d'interventions diverses.