Une réunion des ministres des Affaires étrangères de la coalition internationale contre l’Etat islamique (EI) se tient à Washington depuis mardi soir et pendant la journée de mercredi. Les 68 pays membres de la coalition doivent faire le point sur les avancées face aux jihadistes en Irak et en Syrie au moment où la bataille de Mossoul fait rage. L’occasion pour la plupart d’entre eux de découvrir les intentions de l’administration Trump sur le combat présenté comme la grande priorité du nouveau président. Or, dans ce dossier comme dans tant d’autres, retards, flottements et incertitudes persistent sur la stratégie du pays qui dirige la coalition internationale antiterroriste.
Militairement, l'efficacité des actions menées en appui aux forces irakiennes est attestée, comme on peut le voir dans les avancées, même difficiles, à Mossoul. La ville devrait être libérée avant l'été, estime-t-on de source française. Cependant, «mettre un terme à la barbarie de l'EI implique aussi de gagner la bataille politique», souligne le Quai d'Orsay. Pour la France, la lutte contre le terrorisme doit aussi s'attaquer à ses causes profondes : politiques, économiques et humanitaires. Et Jean-Marc Ayrault, le ministre des Affaires étrangères, entend rappeler «l'attachement de la France à la poursuite par les autorités irakiennes de leurs efforts en vue de la réconciliation nationale».
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Sur le volet syrien de la guerre contre l'EI, la situation semble encore plus «délicate et compliquée», comme on euphémise en termes très diplomatiques. «La libération de Raqqa est la priorité en Syrie», rappelle le Quai d'Orsay. Mais bien plus, visiblement, pour la France que pour les Etats-Unis. Ignorant pour le moment les rivalités qui s'intensifient dangereusement entre la Turquie et les groupes kurdes, appuyés par les forces spéciales américaines, en route vers la capitale autoproclamée de l'EI, Washington ne semble pas pressé de trancher. La nécessité de prévoir le jour d'après la libération de Raqqa, comme celle de Mossoul, ne préoccupe pas de la même manière les alliés de la coalition anti-Etat islamique.
Les inconnues de l'administration Trump pèsent sur le terrain comme dans les chancelleries. Au moment où il s'apprêtait à accueillir ses collègues à Washington pour cette réunion de la coalition, Rex Tillerson, le secrétaire d'Etat américain, a annoncé qu'il ne participerait pas à la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Otan, prévue les 4 et 5 avril. Il était pourtant très attendu pour lever le voile sur ses intentions.