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Guerre

Syrie : offensives intenses sur Raqqa

La reprise du barrage de Tabqa permettrait aux Forces démocratiques syriennes, appuyées par la coalition internationale, d’encercler la ville, fief de l’Etat islamique.
publié le 28 mars 2017 à 19h36

Vu du ciel, le lac Al-Assad ressemble à un dragon. Et l'Euphrate, en aval, à sa longue langue qui vient lécher la ville de Raqqa. Pour réussir leur manœuvre d'encerclement de la «capitale» de l'Etat islamique, les Forces démocratiques syriennes (FDS) doivent conquérir une localité clé, située au bout du museau du dragon : la ville de Tabqa, et l'immense barrage qui la jouxte (lire ci-contre). Les FDS, composées majoritairement de combattants kurdes, alliés avec des rebelles arabes de l'Armée syrienne libre, sont appuyés par la coalition internationale dirigée par Washington.

L'armée américaine a héliporté la semaine dernière leurs troupes - une première depuis le début de l'offensive, en novembre - sur la rive sud du lac, afin de prendre Tabqa en tenaille. Au nord, les FDS ont déjà pénétré dans le complexe hydroélectrique, sans avoir pris possession du barrage lui-même. Au sud, ils sont encore à quelques kilomètres de la ville. «Les batailles font rage sur tous les fronts autour de Raqqa, accompagnées de raids incessants de la coalition internationale, décrit l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). La majorité des accrochages sont dus aux contre-offensives de l'Etat islamique. Son objectif est de mener une guerre d'usure pour éreinter ses adversaires.» Selon l'OSDH, 900 jihadistes ont été déployés pour ralentir l'avancée des FDS.

Au-delà d'un soutien aérien, Washington a également envoyé entre 800 et 900 soldats américains au sol en Syrie, pour soutenir les forces kurdes. Sur ce front, l'administration Trump ne semble pas encline à rompre avec la politique de Barack Obama. Au contraire, elle pourrait même accentuer son effort de guerre. Le déploiement d'un millier de marines supplémentaires «est une des propositions qui est sur la table pour être discutée», a indiqué un responsable du Pentagone le 15 mars, confirmant des informations du Washington Post.

D'après Talal Sello, le porte-parole des FDS, il faudra «plusieurs semaines» aux forces kurdo-arabes pour atteindre Raqqa, car l'offensive est ralentie par les précautions à prendre pour ne pas endommager le barrage. Une fois Taqba conquis, en revanche, la voie sera libre. Comme à Mossoul, en Irak, les hommes de l'Etat islamique résisteront-ils jusqu'au bout ? Depuis un an, leurs fiefs tombent un à un, et leurs solutions de repli s'amenuisent. Le califat est aux abois.