Un leader étudiant de 27 ans ferait-il peur à Idriss Déby ? Ou bien les réflexes répressifs du régime tchadien sont-ils si prompts que Nadjo Kaina Palmer a fait les frais du zèle de l'Agence nationale de sécurité ? Le porte-parole du mouvement citoyen Iyina - «On est fatigués» en dialecte arabe tchadien - a été arrêté jeudi à N'Djamena. Depuis, l'activiste est détenu au secret. Il avait lancé un appel à la jeunesse pour l'anniversaire de la réélection du président tchadien, lundi. Afin d'exprimer leur «ras-le-bol au régime en place et dire non à la mauvaise gouvernance, à l'impunité et à l'humiliation», les Tchadiens avaient été invités par Nadjo Kaina Palmer à s'habiller en rouge ce jour-là. Cette action symbolique, non-violente, n'avait pas été particulièrement suivie. «Iyina a été lancé l'an dernier, pour s'opposer au cinquième mandat d'Idriss Déby [à la tête de l'Etat depuis vingt-sept ans, ndlr], explique Makaila Nguebla, un influent blogueur d'opposition installé en France. Mais le collectif venait de rejoindre le mouvement Tournons la page, une initiative du Secours catholique qui a des ramifications dans plusieurs pays d'Afrique. Cette internationalisation dérange le pouvoir, qui redoute son écho médiatique.»
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