Sur une vidéo publiée ce mardi par le FSB (les services secrets russes), des agents encagoulés plaquent à terre un homme, avant de retirer un pistolet Makarov glissé dans sa ceinture. «Nom ? Azimov. Prénom ? Abror. Motif de l'interpellation, vous devinez ? Oui»… C'est ainsi qu'a été arrêté lundi, dans le sous-bois d'une banlieue moscovite, l'organisateur présumé d'un attentat qui a fait 14 morts dans le métro de Saint-Pétersbourg, le 3 avril. Le suspect a d'abord reconnu sa culpabilité, avant de nier en bloc, devant le juge censé prononcer son arrestation, rapportent les médias russes.
Selon les enquêteurs, Azimov, né en 1990 au Kirghiztan et ayant obtenu la nationalité russe en 2013, «a formé le terroriste kamikaze Akbarjon Djalilov», l'auteur présumé tué dans l'attentat, qui aurait appelé son «supérieur» peu avant l'explosion (selon une source du quotidien Kommersant). Depuis, Azimov, recherché par la police, avait disparu de la circulation : il a abandonné son logement de location et désactivé cartes SIM et téléphones. On sait seulement qu'il avait travaillé, comme deux autres suspects déjà arrêtés, Sadyk Ortykov et Chokhiste Karimov, dans le café autoroutier Lesnoe, toujours selon Kommersant. Mais lundi, il a été finalement repéré par la police, après avoir rallumé son téléphone.
Séjours en Turquie
Dans les jours qui ont suivi l'attentat, la justice russe a arrêté (à Moscou et Saint-Pétersbourg) et inculpé pour «terrorisme» et «complicité de terrorisme» huit hommes, parmi lesquels six ressortissants de pays d'Asie centrale. Selon le Comité d'enquête, Akbarjon Djalilov a actionné une bombe artisanale entre les stations Sennaïa Plochtchad et Tekhnologuitcheski Institout à Saint-Pétersbourg, après avoir déposé une seconde bombe dans une autre station du centre-ville – cette dernière a été désamorcée à temps. Les motivations de ce jeune homme né au Kirghizstan, mais ayant obtenu lui aussi la nationalité russe, restent inconnues. L'enquête examine des liens éventuels avec le groupe Etat islamique, qui n'a toujours pas revendiqué cette attaque.
Le portail d'information pétersbourgeois Fontanka.ru rapporte que l'organisateur présumé, Azimov, aurait séjourné en Turquie à deux reprises en 2016, en mars et octobre. La deuxième fois il est rentré à Moscou en passant par Séoul et Vladivostok. On ne sait rien de contacts potentiels avec des islamistes turcs ni de son appartenance éventuelle à une organisation terroriste internationale. Et à l'heure qu'il est, les liens entre Azimov et les hommes interpellés à Saint-Pétersbourg n'ont pas été établis.