Menu
Libération

Bisbilles et insultes entre Israël et Corée du Nord

publié le 1er mai 2017 à 19h56

La tension monte entre Israël et la Corée du Nord. Tout a commencé vendredi quand, interviewé par le site d'information Walla, basé à Tel-Aviv, le ministre de la Défense de l'Etat hébreu, Avigdor Lieberman, a déclaré que le dictateur nord-coréen Kim Jong-un était un «dingue à la tête d'une bande de fous extrémistes», que son régime «mena[çait] la paix du monde» et qu'il avait «franchi la ligne rouge avec ses essais nucléaires» .

L'agence de presse nord-coréenne KCNA a aussitôt dénoncé les «propos impudents et calomnieux»d'Avigdor Lieberman. Elle a également menacé Israël, comme «tous ceux qui osent atteindre à la dignité du leader suprême» , de subir une «punition mille fois plus grande» . Et des «représailles sans pitié» . Accusant l'Etat hébreu de «crimes contre l'humanité», la KCNA a par ailleurs dénoncé l'occupation des territoires palestiniens et pointé Israël comme «le seul possesseur d'armes nucléaires illégales» de la région.

La virulence de la réaction nord-coréenne a surpris en Israël, où l'entourage de Benyamin Nétanyahou a fait savoir à Lieberman qu'il aurait mieux fait de se taire. A contrario, à Gaza, le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zoukhi, a remercié Pyongyang pour « son soutien à la cause palestinienne contre l'occupation» . Fin de l'incident ? Nul ne le sait. Car en coulisses, un lourd contentieux se développe depuis longtemps entre Israël et la dictature nord-coréenne. Parce que cette dernière forme des techniciens nucléaires iraniens et vend des technologies militaires ainsi que des missiles à Téhéran, au Hezbollah et à la Syrie, ce qu'Israël voit comme une «menace stratégique».

L'inquiétude des dirigeants de l'Etat hébreu ne date pas d'hier. Au début des années 90, le Premier ministre Yitzhak Rabin avait déjà autorisé le numéro 2 du Mossad et un haut responsable des Affaires étrangères à négocier avec Pyongyang un accord, prévoyant l'arrêt des fournitures nord-coréennes aux ennemis d'Israël contre compensations financières. Ces discussions étaient couvertes par les Etats-Unis, mais elles n'ont pas eu le résultat escompté puisque la Corée du Nord a poursuivi son commerce clandestin. Quelques années plus tard, Hafez al-Assad, père de l'actuel dictateur syrien, a d'ailleurs sollicité Pyongyang pour démarrer un programme nucléaire censé concurrencer les armes de l'«ennemi sioniste» . En 2007, Israël avait ordonné la destruction de la carcasse du futur centre d'Al-Kibar, dans le désert syrien, secrètement construit à cette fin par Pyongyang. Dix ingénieurs nord-coréens avaient été tués.