Un peu plus de 33 000 associations de tout genre et de tout style sont enregistrées en Israël, mais la moitié d'entre elles sont dormantes. Ce qui signifie que leur seule activité consiste à transmettre un rapport annuel au Rasham Haamoutot, une branche du ministère de la Justice installée dans un immeuble austère de Jérusalem.
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«Parias». A côté de quelques ONG «gauchistes», ainsi que les désigne le gouvernement qui les ostracise délibérément - celles qui dénoncent notamment publiquement les violations des droits des Palestiniens et l'occupation -, de nombreuses autres travaillent plus discrètement en fournissant une aide efficace. C'est par exemple le cas de Comet Middle East, une association israélo-palestinienne formant les villageois de Cisjordanie à l'usage des énergies renouvelables, aux méthodes d'épuration de l'eau, ainsi qu'à la production autonome d'électricité.
Composée de quelques centaines de femmes, l'organisation Machsom Watch («la surveillance des check-points») s'attache, elle, à perpétuer les contacts entre Israéliens et Palestiniens «qui n'ont quasiment plus l'occasion de se rencontrer». «Ce n'est pas facile tous les jours, mais nous n'acceptons pas d'être traitées comme des parias parce que nous voulons maintenir un lien d'humanité avec les Palestiniens, avance Raya Yaron, pilier de cette association. Malgré les campagnes gouvernementales anti-ONG, de nombreux Israéliens continuent de militer, y compris dans les plus décriées. Quelles que soient les prises de position de Nétanyahou et de ses ministres sur notre action, nous trouvons toujours de nouvelles volontaires, de nouvelles militantes désireuses de changer les choses à leur niveau.»
Plusieurs ONG israéliennes s'impliquent également dans les autres conflits. Depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011, iL4Syrians, une petite association formée de quelques centaines d'Israéliens juifs, musulmans et chrétiens, fournit ainsi des vivres et du matériel médical à des organisations syriennes et à des hôpitaux de campagne installés dans les pays voisins.
«Méfiants». «En général, nous travaillons sous couverture, puisque les Israéliens ne sont pas les bienvenus dans les pays arabes et que leur présence peut occasionner des réactions imprévisibles. C'est dommage de devoir faire de l'action humanitaire de cette manière, mais nous ressentons un besoin impératif d'agir quels que soient les risques», raconte un infirmier arabophone ayant soigné en Jordanie des victimes de l'Etat islamique ayant fui la Syrie et l'Irak. Et de poursuivre : «Il arrive parfois que nos contacts professionnels ou que les gens que nous sommes appelés à fréquenter sur place comprennent que nous sommes israéliens. Au début, ils sont étonnés et méfiants, mais les a priori tombent vite. Le courant finit toujours par passer.»
Depuis la fin de l’année 2016, des habitants des petits villages du nord d’Israël ont également créé Just Beyond Our Border («juste derrière notre frontière»), une association qui se flatte d’avoir récolté des centaines de milliers de dollars en vue acheter des produits de première nécessité destinés à la population syrienne.