Peu d'informations circulent au sujet de cet ancien banquier de Merrill Lynch, identifié par le candidat Trump (durant une interview au Washington Post en mars 2016) comme l'un de ses nombreux conseillers en politique étrangère pendant la campagne. Sa courte biographie en ligne indique qu'il est le fondateur de Global Energy Capital, une entreprise installée à New York qui effectue des investissements dans le secteur de l'énergie. Carter Page a mis les pieds à Moscou pour la première fois en 1991, en pleine chute de l'Union soviétique, époque où il ressent alors «un grand optimisme dans les rues au sujet des possibilités d'un changement majeur dans les relations russo-américaines», a-t-il raconté en février dans une interview à la chaîne ABC. Carter Page retournera en Russie à de nombreuses reprises et y posera même ses valises entre 2004 et 2007.
Selon le Washington Post, le FBI soupçonne Carter Page d'être un agent d'une puissance étrangère au profit de la Russie et a obtenu, en juillet 2016, de la Foreign Intelligence Surveillance Court, un mandat afin de surveiller ses communications. L'une de ses dernières visites dans la capitale russe, datée de juillet, retient l'attention des enquêteurs. Invité à s'adresser à des étudiants lors de la remise des diplômes de la New Economic School, Carter Page a critiqué dans un discours très agressif la politique de l'administration Obama envers la Russie. Très vite, l'équipe de Trump prend ses distances avec Carter Page qui, assure-t-on alors, ne serait plus le conseiller du candidat et aurait fait ce voyage à Moscou «à titre personnel». Donald Trump dira même ne l'avoir jamais rencontré.
Le nom de Page réapparaît en janvier dans un document explosif - mais dont les informations sont difficilement vérifiables - de 35 pages sur les liens entre le président élu et la Russie, rédigé par un ancien agent du contre-espionnage britannique, Christopher Steele, et publié par BuzzFeed. Selon le rapport, en décembre 2016, Carter Page aurait rencontré à Moscou Igor Setchine, le dirigeant du géant pétrolier russe Rosneft, visé par les sanctions américaines. Page dément : «Cela aurait été un honneur de rencontrer Igor Setchine mais je n'ai jamais eu cette chance», assure-t-il dans une interview à ABC. A l'instar de Jeff Sessions, Carter Page aurait lui aussi rencontré l'ambassadeur russe à Washington, Sergey Kislyak, lors de la Convention nationale du Parti républicain à Cleveland en juillet.