Ambassadeur russe à Washington depuis neuf ans, Sergey Kislyak se fait d'ordinaire plutôt discret. Ces derniers mois, son nom figure pourtant dans toutes les affaires relatives à l'enquête sur les liens potentiels entre le Kremlin et Donald Trump : de la démission du conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn à la décision de Jeff Sessions de se récuser de toute enquête concernant la présidentielle américaine. L'ambassadeur aurait aussi rencontré à plusieurs reprises des membres de l'équipe de Trump dont Carter Page, J.D. Gordon (l'un des nombreux conseillers en politique étrangère pendant la campagne) ou encore Jared Kushner, le gendre du président, désormais en charge de tous les dossiers brûlants. Mais la teneur précise de toutes ces conversations avec Sergey Kislyak n'a pas filtré. Diplomate de carrière avec une formation d'ingénieur, Kislyak a passé la plus grande partie de sa vie à l'étranger, dont une dizaine d'années à Washington dans les années 80, à l'ambassade d'URSS et à l'ONU. Ambassadeur depuis 2008, anglophile et anglophone, il est très introduit dans les cercles du pouvoir à Washington. Kislyak pouvait réunir à dîner chez lui plus de cinquante personnes qui avaient une influence sur la politique russe d'Obama, raconte le New York Times. Les responsables du renseignement américain le surnomment «l'espion recruteur en chef», un qualificatif que dénonce le Kremlin. «Je vais vous révéler un secret : les diplomates travaillent, et leur travail est d'établir des contacts avec les gens», a répondu à CNN, sarcastique, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
Sergey Kislyak, le recruteur d’espions
publié le 10 mai 2017 à 20h36
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