La prise de la ville de Tabqa, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Raqqa, et surtout de son gigantesque barrage sur l'Euphrate, marque une avancée significative dans la bataille pour déloger l'Etat islamique (EI) de son fief syrien. L'annonce, mercredi, de cette victoire par les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Unités de protection du peuple kurde (YPG), est intervenue en pleine tension entre les Etats-Unis et la Turquie autour du soutien américain à ces milices kurdes, considérées comme terroristes par Ankara.
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Depuis le lancement, en novembre, de l’offensive baptisée «Colère de l’Euphrate» par les FDS, cette alliance a pu, avec le soutien de frappes aériennes américaines, s’emparer de larges territoires dans la province de Raqqa et couper les principales voies autour de la ville. Pour la bataille de Tabqa, commencée début avril, les Etats-Unis ont aménagé une piste d’atterrissage en zone kurde pour accueillir des avions-cargos militaires. Ils ont renforcé leur présence sur le sol en Syrie avec le déploiement d’environ 400 hommes supplémentaires, en plus des 500 soldats des forces spéciales.
Canons et hélicos
Au-delà des frappes aériennes, les FDS ont bénéficié de l’aide de conseillers américains ainsi que des canons du corps des Marines, déployés il y a quelques mois, ainsi que d'un appui massif d’hélicoptères d’attaque américains. Restait le barrage où les hommes de l’EI s’étaient retranchés. Ils l’ont évacué au terme d’une négociation avec les FDS, qui leur ont laissé une voie de passage vers Raqqa, selon des sources locales.
Principal allié des Américains dans la lutte contre l'EI en Syrie, les FDS ont bénéficié d'un soutien militaire substantiel et indispensable pour mener leur bataille jusque-là. C'est pourquoi la décision de la Maison Blanche, annoncée mardi, d'équiper les YPG, présentée comme une grande première alors qu'elle est en application dans les faits depuis plusieurs mois, a de quoi surprendre. Elle a en tout cas provoqué l'ire de la Turquie, à une semaine d'un déplacement à Washington du président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a appelé l'administration américaine à «revenir sans délai» sur sa décision.