Le bilan du carnage dans un casino de Manille, aux Philippines, qui a fait au moins 38 morts, n’en finit pas de s’alourdir. La thèse de l’attentat semble de plus en plus probable, après une seconde revendication de l’organisation terroriste Etat islamique.
Peu après minuit, dans la nuit de jeudi à vendredi, un homme est arrivé en voiture dans le parking du complexe commercial et hôtelier Resorts World Manila, situé juste à côté d’un terminal de l’aéroport international. Armé d’un fusil d’assaut, l’assaillant a pénétré directement dans le casino sans être arrêté par les vigiles qui, selon la direction, ne sont pas habilités à porter des armes à feu à l’intérieur de l’établissement. Sur une image de vidéosurveillance publiée par la police, on voit l’homme, portant une fine moustache, coiffé d’un bonnet et en tenue de combat noire, posté dans un escalier de secours.
«Cambrioleur déséquilibré»
D'après des témoignages recueillis par la presse locale, l'assaillant est passé de table en table en vidant sur les tapis de jeu une bouteille de 2 litres remplie d'essence, avant d'y mettre le feu. Il aurait également fourré dans son sac à dos 2 millions d'euros en jetons de casino, tiré sur des machines à sous et un distributeur automatique de billets, mais sans prendre de clients pour cible. Selon la direction du casino et la police, 38 personnes, dont au moins 13 employés, sont mortes asphyxiées par la fumée issue de la combustion des tables de jeu, «majoritairement des femmes qui s'étaient réfugiées aux toilettes». Environ 70 autres, qui ont pu aussi être blessées dans la bousculade déclenchée par l'attaque, ont été transportées à l'hôpital.
Les informations contradictoires se sont succédé toute la journée. Selon la dernière déclaration officielle, les forces de l'ordre ont blessé l'assaillant, «un homme blanc, parlant anglais», qui s'est enfui en profitant de la fumée. Elles disent avoir retrouvé son corps, carbonisé, dans une chambre à 7 heures du matin, un pistolet à ses côtés, en concluant que l'homme s'était immolé par le feu avant de se suicider par arme à feu. Un représentant local de l'Etat islamique a rapidement déclaré avoir identifié le tueur et revendiqué l'attaque «destinée à mettre le feu au casino». Mais les autorités philippines ont écarté le mobile terroriste, et assuré qu'il s'agissait d'un «cambrioleur déséquilibré», alors que le corps n'avait toujours pas été identifié. En fin de journée, l'organisation terroriste a réitéré sa revendication via son agence de communication Amaq News, nommé l'assaillant de son nom de guerre «AbuAlKhair alArkhabili», et affirmé qu'il avait agi seul.
Affrontements à Marawi
Cette attaque a eu lieu alors que le régime de Rodrigo Duterte fait face à sa plus grosse crise depuis son élection en juillet dernier. Des affrontements entre les islamistes de Maute – un groupe ayant fait allégeance à l'Etat islamique – et l'armée font rage depuis le 23 mai. L'armée avait alors tenté d'arrêter Isnilon Hapilon, un des leaders du groupe Abu Sayyaf, considéré comme le chef de l'Etat islamique en Asie du Sud-Est. A Marawi, 175 personnes ont déjà été tuées, dont 19 civils et 36 membres des forces de l'ordre, dont dix ont été bombardés par erreur par un avion des Forces armées philippines.