«J'ai été élu pour représenter les électeurs de Pittsburgh, pas ceux de Paris». En choisissant de sortir les Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat, Donald Trump a suscité des réactions nombreuses et véhémentes, comme celle du maire démocrate de Pittsburgh (Pennsylvanie), Bill Peduto. En rappelant que le candidat Trump avait largement été battu dans le comté d'Allegheny où se situe sa ville, Bill Peduto a assuré qu'il «suivra les directives de l'accord de Paris, pour notre peuple, notre économie et notre futur».
Le communiqué de l'ancien président Barack Obama s'est lui voulu pédagogique et optimiste : «Même en l'absence de leadership américain, même si cette administration rejoint un petit groupe de Nations qui rejette le futur, je suis certain que nos Etats, nos villes, et nos entreprises vont intensifier leurs actions et faire encore plus pour montrer la voie et protéger la seule planète que nous avons.» Les gouverneurs de la Californie, de New York et de Washington (un cinquième du PIB) ont annoncé le même jour la création de l'US Climate Alliance afin de tenir les engagements de l'Amérique dans l'accord de Paris. John Kerry a éreinté de son côté «l'ignorance intentionnelle» du président Trump. L'ancien secrétaire d'Etat voit dans cette action «un appel cynique à une faction antiscience d'intérêt privé, bien loin du grand public. On ne peut fonder sur cette base une décision qui affectera des milliards de vies». Hillary Clinton parle d'une «erreur historique». Pour le sénateur du Vermont Bernie Sanders, Trump a signé «l'abdication du leadership américain» et suscité une «honte internationale». L'ancien vice président Al Gore a condamné «une action irréfléchie et indéfendable».
«Bon ni pour l’Amérique, ni pour le monde»
L'entrepreneur Elon Musk (Tesla, SpaceX) a rapidement annoncé son départ du conseil économique de la Maison Blanche, suivi par Robert Iger, le PDG de Disney. «Le changement climatique est une réalité. Quitter Paris n'est bon ni pour l'Amérique ni pour le monde», a expliqué Musk dans un message posté sur Twitter.
Du côté républicain, Paul Ryan, président de la chambre de Représentants ne partage pas cet avis, jugeant l'accord de Paris comme «une mauvaise affaire pour l'Amérique». Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine au Sénat, s'est réjoui du «nouveau coup porté aux assauts de l'administration Obama contre la production domestique et les emplois de l'énergie.»
Les organisations de défense de l'environnement ont également répondu avec force. «La décision de Trump restera une infamie», écrit Fred Krupp, président de l'Environmental Defense Fund (EDF), dans un article du New York Daily News. «Si une lueur d'espoir peut venir de cette journée, ce serait que la sortie de l'accord de Paris devienne un moment galvanisant pour la majorité des Américains qui soutiennent les énergies propres et l'action contre le réchauffement climatique», poursuit-il. Michael Brune, directeur du Sierra Club, le plus ancien et plus important groupe de défense de l'environnement, a vertement dénoncé la position du «négationniste en chef» : «Donald Trump a fait une erreur historique. Nos petits-enfants se demanderont, consternés et sidérés, comment un dirigeant mondial peut être si séparé de la réalité et de la moralité […] L'accord de Paris a été adopté après des décennies de plaidoyer de citoyens inquiets en Amérique et autour du monde, et il ne sera certainement pas mis en échec par l'ignorance d'un homme.» Le compte Twitter du Sierra Club a également publié un laconique «Félicitations, Président Bannon», en référence au conseiller Stephen Bannon, opposant à l'accord de Paris et avocat du «nationalisme économique» de la Maison Blanche.
De nombreux universitaires ont également fait part de leur déception et de leur profonde inquiétude. «Trump et le directeur de l'Agence de Protection de l'Environnement (EPA) Scott Pruitt croient naïvement que cette décision va provoquer une résurgence de l'industrie fossile, c'est tout simplement faux, explique Hope Babcock, directrice du centre de droit environnemental de l'Institute of Public Representation à l'université de Georgetown (Washington D.C.). Pour arriver à cette fin, Trump devrait détruire les énergies renouvelables et le gaz de schiste. S'il se souciait vraiment des Appalaches, il rétablirait les financements dans cette région pour la création d'emploi, l'apprentissage professionnel et l'éducation ainsi que la réhabilitation des surfaces minières abandonnées. De manière perverse, je pense que cette sortie de l'accord pourrait réveiller les gens et les faire descendre dans la rue, mais peut-être pas avant que nous subissions un été de tempêtes et d'inondations majeures.»