Les soldats irakiens soupçonnaient qu'elle ait été minée. Ils avaient raison. Plutôt que de la perdre, les jihadistes de l'Etat islamique (EI) ont fait exploser mercredi la mosquée Al-Nouri et son minaret penché, au cœur de la vieille ville de Mossoul. Les forces irakiennes étaient parvenues à une cinquantaine de mètres de l'édifice. «En détruisant le minaret Al-Hadba et la mosquée Al-Nouri, l'EI a officiellement reconnu sa défaite», a déclaré le Premier ministre irakien.
C'est dans cette mosquée, construite à la fin du XIIe siècle, qu'Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l'Etat islamique, est apparu en public le 3 juillet 2014 pour la première fois. Du haut du minbar, vêtu de noir, il avait vanté les vertus du jihad et assumé sa position de «calife». Al-Baghdadi n'est jamais plus apparu en public depuis.
Le minaret penché, haut de 45 mètres, était devenu le symbole de la ville et le dernier vestige de la mosquée construite par Noureddine al-Zinki, figure de la résistance contre les croisés. Pour justifier le défaut de construction et l’inclinaison du minaret, le bâtisseur avait expliqué que le minaret se prosternait devant l’ascension du Prophète. Plus prosaïques, les habitants de Mossoul l’avaient surnommée «la bossue».
En juillet 2014, juste après leur conquête de la ville, l'EI avait tenté de détruire l'édifice, avant de renoncer face à la colère des Mossouliotes, qui s'étaient réunis autour. «Le minaret Al-Hadba et la mosquée Al-Nouri à Mossoul figuraient parmi les sites emblématiques de la ville et étaient un symbole d'identité, de résilience et d'appartenance», a déclaré la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova. La reprise du minaret flanqué du drapeau noir de Daech par les forces irakiennes aurait marqué la fin symbolique de la bataille de Mossoul, entamée en octobre. Les soldats l'apercevaient depuis le printemps, alors qu'ils s'approchaient de la vieille ville. Ils ont lancé dimanche la dernière phase de l'offensive, et ont progressé par le nord et l'ouest, jusqu'à arriver à moins de 100 mètres de la mosquée. L'EI a accusé l'aviation américaine de l'avoir bombardée, ce qu'a nié la coalition.
Plus de 100 000 civils sont toujours piégés dans la vieille ville, selon les Nations unies.