Sa chevelure orange flottant du haut du deuxième étage de la tour Eiffel. Donald Trump attablé à un des meilleurs restaurants de Paris, ses casseroles russes brinquebalant à ses côtés. Cette image pouvait paraître surréaliste il y a quelques semaines, mais jeudi soir, elle deviendra réalité. Emmanuel Macron n’est plus à un paradoxe près. Fin mai, il accueillait le président russe Vladimir Poutine à Versailles. Ce jeudi, c’est Trump, qui a prédit la mort prochaine de l’Europe, qu’il invite au restaurant Jules Verne.
Dans la presse américaine, on s'amuse de ce choix gastronomique. Le locataire de la Maison Blanche ne devrait pas se sentir dans son assiette, perché au-dessus de la Seine, une assiette de homard cru devant lui. «Cela ne ressemble pas à un repas que POTUS [le président des Etats-Unis, ndlr] apprécierait», a taclé sur Twitter Maggie Haberman, correspondante du New York Times à la Maison Blanche. Dans le Local, le journaliste Chris Crowley prévient : «Le président Trump n'a pas le palais le plus sophistiqué. Mais, comme il n'avait pas voulu se soumettre aux tactiques de serrage de mains de Trump [au sommet du G7, fin mai, ndlr], le président français Emmanuel Macron ne cédera pas au régime de steaks et de fast food de Trump.»
President Trump leaves for Paris today ahead of #BastilleDay in France. Here is the great handshake he and #Macron had when they met. #Grip pic.twitter.com/IxDhR2LPP9
— Chris Stewart (@CStewartNews) July 12, 2017
L'Elysée a vendu la carte postale parisienne au couple américain pour leur voyage éclair en France. Donald et Melania Trump arriveront jeudi matin dans la Ville lumière. Selon le programme officiel, à 15 h 30, ils seront accueillis en grande pompe aux Invalides pour une cérémonie militaire à l'issue de laquelle est organisé un petit intermède historique : visite du musée des Invalides, arrêt devant les plaques commémoratives de maréchaux de la Première Guerre mondiale, «passage» ou «arrêt» (les versions divergent à l'Elysée) devant le tombeau de Napoléon. Idéal pour parfaire la culture générale de Donald Trump. Enfin, «présentation du bâton de maréchal offert par les Etats-Unis», décrit l'Elysée.
Un parcours taillé sur mesure pour le chef d'Etat dont la concentration ne dépasse pas les cinq minutes chrono (selon certains de ses conseillers). Les vraies affaires commenceront à 16 h 30 quand les deux hommes se retrouveront à l'Elysée pour un tête à tête d'«une heure, une heure quinze», selon la Maison Blanche. L'objet des discussions prévu : la lutte contre le terrorisme, à peu près le seul terrain d'entente actuel entre les deux gouvernements, reconnaît-on à l'Elysée. Côté français, on promet quand même de glisser un mot ou deux sur le climat, sans grand espoir (ni envie du reste) que les Etats-Unis réintègrent l'accord de Paris.
Un brin polémique
Pendant ce temps-là, contrairement à Hambourg, où elle n'avait pas pu sortir de son hôtel à cause des manifestations monstres contre le G20, le week-end dernier, Melania Trump devrait pouvoir arpenter à son aise les rues de la capitale française. A part un rassemblement organisé place de la République par Nuit debout dans la soirée et une flashmob dans le XVIe arrondissement, aucun débordement ne semble prévu.
Le lendemain, jour de la fête nationale française, Donald Trump sera l'invité d'honneur lors du défilé militaire sur les Champs-Elysées. Ceux qui veulent voir derrière cette visite, un brin polémique, quelque symbole d'une tentative de Macron de se placer comme l'intermédiaire entre les Etats-Unis et l'Union européenne en colère, font fausse route. L'Elysée comme la Maison Blanche le martèlent : Trump est simplement là, en pleine affaire russe outre-Atlantique, pour célébrer le centenaire de l'entrée en guerre de son pays venu porter secours à la vieille Europe en péril, en 1917. Pour Macron, un autre enjeu de taille persiste : montrer que «Paris reste Paris», malgré les allégations contraires de son homologue américain. Trump va en recevoir plein la vue. Tant mieux, he loves it.