Pour le magnifique Un Américain à Paris, Vincente Minnelli avait fait construire une ville de carte postale. Pour la venue de Donald Trump (qui n'a pas le millionième de la classe de Gene Kelly), Emmanuel Macron offre lui aussi une double rasade de clichés. Macron n'est pas Minnelli, même s'il faut lui reconnaître un certain talent dans la mise en scène de son pouvoir naissant. On peut moquer l'apparat et les lourds symboles qui entourent les venues de Poutine à Versailles et de Trump un 14 Juillet. S'inquiéter que Macron, à trop vouloir endosser le costume de «leader of the free world» de Merkel, ne finisse par s'enivrer de son image et se croire supérieur à tous. Il n'empêche que le Président a sans doute une idée derrière la tête en invitant les ennemis de la planète ou des droits de l'homme. On pourrait dire qu'offrir à Trump tout le faste de la République est gênant. Mais il faut admettre que toute tentative de le faire revenir sur ses positions isolationnistes est une bonne idée, tant qu'on ne lui concède que le bling-bling. L'accueillir quand tous le rejettent, c'est tenter de le mettre sous un protectorat français. Ça peut paraître gonflé, mais ça peut marcher, surtout avec un personnage de la trempe de Trump. Sur la Syrie, les questions de climat, de commerce et de défense, le monde, la France et l'Europe ont besoin d'une Amérique qui joue son rôle. Ne serait-ce que pour ne pas livrer la planète aux seules mains des Poutine ou des Xi, dont on sait par exemple comment ils traitent les voix discordantes. Pour cela, Trump vaut bien tous les clichés.
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