Menu
Libération
Santé

Aux Etats-Unis, les républicains ne sont (toujours) pas près de remplacer l'Obamacare

Présentée jeudi par un groupe de sénateurs, la nouvelle version du projet de loi, aux conséquences encore trop lourdes pour de nombreux Américains, ne fait pas l'unanimité au sein du parti de Donald Trump.
Le chef de la majorité au Sénat Mitch McConnell, face à la presse, évoquait jeudi le projet de loi pour remplacer l'Obamacare. (Photo Aaron Berstein. Reuters)
publié le 14 juillet 2017 à 15h48

Le remplacement de l'Obamacare continue d'embarrasser les sénateurs républicains. Après avoir critiqué pendant sept ans cette réforme du système de santé menée par Barack Obama, ils peinent à trouver un remplacement aux conséquences qui ne seraient pas catastrophiques pour leurs électeurs. Les républicains, qui sont majoritaires dans les deux chambres du Congrès, espéraient tenir cette promesse de campagne avant la fin juillet, soit le début de leur pause estivale… ce qui semble mal parti. En début de semaine, le leader de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, a décidé de repousser le début de cette interruption à la troisième semaine d'août pour continuer à travailler sur leur «repeal and replace» (abroge et remplace).

Le chemin est encore long. «Better Care Reconciliation Act», le premier projet de loi présenté par les républicains, fin juin, au Bureau budgétaire du Congrès (CBO), un organisme d'évaluation non-partisan, a reçu une très mauvaise note : il coûterait à 22 millions de personnes leur assurance santé d'ici 2026. L'Obamacare, entré en vigueur en 2014, a permis à 20 millions d'Américains supplémentaires de souscrire à une assurance santé, faisant chuter la part de non-assurés de 17% en 2009 à 9% en 2016, un seuil historiquement bas. Et les conservateurs ne peuvent pas risquer de voir leur popularité baisser auprès des électeurs dans leurs circonscriptions.

De légères améliorations

Jeudi, Mitch McConnell a présenté une nouvelle mouture de son «Better Care Reconciliation Act», qui n’a pas remporté un grand succès auprès des républicains. Trois sénateurs – Susan Collins, Rand Paul et John McCain – ont déjà annoncé qu’ils ne la voteraient pas, et plusieurs autres élus ont déclaré qu’ils allaient devoir étudier le texte en profondeur avant de prendre leur décision. Le parti a besoin de 50 voix sur les 52 élus républicains au Sénat pour faire passer le projet de loi. Les démocrates se sont dits prêts à travailler avec leurs opposants, mais pas sur la base des propositions du texte actuel. Cette version prévoit la création d’un marché d’assurance santé parallèle à celui de l’Obamacare, qui serait, lui, non régulé. Les assureurs santé pourraient ainsi proposer des offres à bas prix, avec un minimum de soins couverts, qui séduiront sûrement les personnes en bonne santé. Par contre, les assureurs auront le droit, pour ces offres dérégulées, de rejeter des personnes malades ou avec des antécédents médicaux. Ceux-ci se retrouveront donc contraints de se tourner vers les marchés Obamacare qui les couvriront mieux mais seront mécaniquement beaucoup plus chers.

Dans leur nouvelle version du projet de loi, les républicains prévoient de compenser ce biais en gardant certaines taxes sur les plus riches et de reverser l'argent perçu pour subventionner le marché des offres régulées, destinées aux personnes avec le plus de dépenses de santé. Un amendement exige aussi des assureurs qu'ils proposent des offres régulées s'ils veulent en présenter sur le marché non-régulé. Enfin, pour satisfaire les plus modérés du parti républicain, le texte prévoit la création d'un programme de lutte contre les addictions aux opiacés financé à hauteur de 45 milliards de dollars (39 milliards d'euros).

Les républicains attendent pour la semaine prochaine un rapport du très écouté CBO, en espérant qu’il sera moins sévère avec leur nouvelle version de la réforme. En cas d’égalité de vote (50-50), c’est au vice-président Mike Pence de départager. Il a déjà annoncé qu’il votera pour le texte. Pour le parti, passer ce projet de loi serait une première grande victoire depuis l’entrée en fonction du nouveau Congrès. Les prochains mois ne seront pas de tout repos. Avant la fin de l’année, les élus doivent encore réformer le code fiscal, relever le plafond de la dette nationale et voter une nouvelle «Defense Authorization Bill», le texte qui fixe le budget de la défense pour deux ans. Une lourde tâche pour les républicains qui voient les élections de mi-mandat, prévues pour novembre 2018, approcher à grands pas.