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Libération

La Catalogne exige des policiers séparatistes

publié le 18 juillet 2017 à 21h06

Lundi, le directeur de la police régionale de Catalogne présentait sa démission. La semaine dernière, trois «ministres» quittaient le gouvernement catalan présidé par l'indépendantiste Carles Puigdemont. Les partants ont cédé la place à des partisans déclarés du référendum d'autodétermination fixé au 1er octobre, et interdit par la justice.

Leur remplacement a été interprété comme une radicalisation du gouvernement régional. Son chef aurait ainsi cherché à écarter tout responsable doutant de la viabilité du scrutin, pour s'entourer de fidèles qui n'hésiteront pas à désobéir à la justice. Carles Puigdemont a en effet affirmé que si le oui l'emporte, il déclarera la sécession de façon unilatérale, et «dans les 48 heures».

Depuis 1994, la Catalogne, région de 7,5 millions d’habitants, dispose, parmi ses larges compétences, d’un corps de police, les Mossos d’Esquadra. Ses 17 000 agents dépendent politiquement de l’exécutif catalan, mais ont l’obligation de respecter la loi et la justice espagnoles. Cela les place dans une situation délicate vis-à-vis du référendum.

Albert Batlle, à la tête de la police régionale depuis 2014, défendait régulièrement la neutralité politique des Mossos et leur obligation de respecter les décisions judiciaires, un avis partagé par la majorité des syndicats policiers. Cela impliquait qu'en cas de réquisition judiciaire, les Mossos auraient pu être amenés à désobéir aux ordres de la Generalitat (l'exécutif régional), pour faire par exemple respecter la fermeture de centres de vote dans les écoles en cas d'organisation d'un référendum illégal. Les Mossos d'Esquadra «sont au service de la loi, au service des citoyens, pas au service d'un gouvernement, et encore moins d'un gouvernement de radicaux, d'un gouvernement qui veut bafouer les normes», a tenu à rappeler lundi à Madrid le ministre de la Justice, Rafael Catalá Polo.

Nommé à la tête des Mossos mardi, l'avocat Pere Soler inonde les réseaux sociaux de proclamations séparatistes. «Vivement qu'on se sépare, vous me faites pitié, tous les Espagnols», tweetait-il en octobre. A l'insulte s'ajoute parfois la xénophobie. En 2015, il s'en prenait au candidat socialiste à la mairie de Barcelone, Jaume Collboni Cuadrado : «J'espère qu'il ne dirigera que la communauté pakistanaise.»

Le référendum du 1er octobre, résultat d'années d'escalade entre Madrid et Barcelone, peut aussi engager la responsabilité pénale de ses organisateurs. Le chef du gouvernement, le conservateur Mariano Rajoy, assure qu'il empêchera sa mise en œuvre, sans révéler quelle sera sa tactique.