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Libération

Chili : le Sénat ouvre une porte au retour de l’avortement

publié le 19 juillet 2017 à 19h56

Une avancée historique, bien que limitée, pour les droits des femmes chiliennes. Après des heures de débat intense et plus de deux ans de procédure, le Sénat a adopté la dépénalisation de l’avortement dans la nuit de mardi à mercredi. Une mesure partielle car l’interruption volontaire de grossesse ne sera permise qu’en cas de danger vital pour la mère, de non-viabilité du fœtus ou de viol.

«Les trois causes qui étaient au cœur de la lutte ont été approuvées, […] ce qui représente une grande contribution à l'histoire du Chili» , s'est félicitée Claudia Dides, directrice de Miles Chile, une association de défense des droits liés à la reproduction et la sexualité, quelques minutes après le vote.

Le texte de loi doit encore être validé par les députés pour que le Chili quitte la liste des sept pays d’Amérique latine n’autorisant aucun avortement. Mais une issue favorable se profile pour la présidente socialiste, Michelle Bachelet, dont le gouvernement a défendu cette mesure.

Juste avant le vote, la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) avait salué cette étape, tout en la jugeant insuffisante : «Le Chili doit garantir l'accès de toutes les femmes et filles à l'avortement légal et sûr, ainsi que leur droit de choisir», avait rappelé Juan Francisco Soto, un de ses vice-présidents.

Jusqu’en 1989 et pendant plus de cinquante ans, l’avortement était permis au Chili en cas de risque pour la mère et de fœtus non viable. Mais avant de quitter le pouvoir, le dictateur Augusto Pinochet avait décrété son interdiction totale, décision inchangée depuis.

Officiellement, le pays enregistre quelque 30 000 avortements provoqués ou spontanés, mais on estime à 160 000 le nombre d’interruptions clandestines.