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Libération
Analyse

Le fantôme du Venezuela

publié le 20 juillet 2017 à 19h56

Rues désertes, métro vide… Aux premières heures de la grève générale convoquée jeudi par l’opposition au Venezuela, les images diffusées donnaient le vertige. Villes fantômes dans une démocratie fantôme. Dans un pays qu’on dit depuis plus d’un an au bord du précipice, à une étincelle de l’explosion, les opposants n’ont toujours pas trouvé la formule pour chasser du pouvoir le socialiste Nicolás Maduro sans attendre la fin de son mandat, fin 2018. Réunis dans une coalition, la MUD, ils ont misé sur la pression de la rue, à travers des manifestations qui en trois mois et demi ont provoqué 96 morts. La MUD accepte tous les soutiens, de Donald Trump, l’homme qui méprise et humilie les latinos, à Vicente Fox, ancien président ultralibéral du Mexique, dont le bilan en matière de droits de l’homme est désastreux. Mais l’opposition joue son rôle : elle s’oppose. Le gouvernement, lui, faillit à ses obligations envers 31 millions de Vénézuéliens : les nourrir, leur assurer un toit et des soins de santé, garantir leur sécurité. Les deux camps s’accusent de refuser le dialogue. Au printemps, l’opposition a renoncé à participer à une table ronde parrainée par le Vatican. Le pouvoir s’entête à faire élire le 30 juillet une Assemblée constituante qui lui donnera les derniers pouvoirs qu’il ne contrôle pas encore. Reste une différence de taille. L’opposition présente un front globalement uni, tandis que le chavisme montre des signes d’épuisement, à travers les dissensions internes et un nombre de défections croissant.