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Brexit: face aux Britanniques, les Européens restent inflexibles

A l'issue jeudi du deuxième cycle des négociations entre le Royaume-Uni et les pays membres, Bruxelles conserve sa ligne dure, notamment sur la libre circulation des personnes.
Le ministre du Brexit, David Davis (à gauche), et Michel Barnier, en charge des négociations pour l'Union européenne, jeudi, à Bruxelles. (Photo Thierry Charlier. AFP)
publié le 21 juillet 2017 à 12h44

«Nous avons besoin de clarification.» C'est devenu le leitmotiv de Michel Barnier. Une formule à peine déguisée pour souligner son agacement face au manque de préparation du gouvernement britannique. Le négociateur en chef de l'Union Européenne l'a dit et répété lors d'une conférence de presse qu'il tenait avec le ministre britannique du Brexit, David Davis, jeudi, à la fin du deuxième cycle de discussions sur le Brexit. «Le premier round était celui de l'organisation, cette semaine a été le temps de la présentation. Le troisième round doit être celui de la clarification», a-t-il prévenu. «Le gouvernement britannique n'a pas exprimé clairement ce qu'il attendait de ces négociations. Pour l'instant, c'est beaucoup de bla bla, des formules creuses comme "Brexit means Brexit" [le Brexit veut dire le Brexit, ndlr]. Les négociateurs travaillent avec des idées à moitié formées et des prises de position limitées, ils n'ont pas de direction politique, constate Simon Usherwood, professeur de science politique à l'université du Surrey. Le type de relation que le Royaume-Uni souhaite n'a jamais fait l'objet d'un réel débat. Par conséquent, les progrès sont difficiles.»

Après quatre jours de discussions, le Royaume-Uni et l'UE ont admis que des «divergences fondamentales» subsistaient. Le sort des 3,2 millions de citoyens européens vivant sur le sol britannique divise toujours autant. Theresa May veut se libérer de l'autorité de la Cour de justice de l'UE, mais cette instance est le seul «moyen de garantir la pérennité» des droits des ressortissants européens selon Michel Barnier. Le négociateur en chef a beau clamer que les deux parties n'en sont pas au stade des concessions, elles se retrouvent déjà face à une impasse. «Il y a plus de divergences que de convergences», regrette Samia Badani, directrice de campagne chez New Europeans, une organisation qui défend les intérêts des expatriés piégés par le Brexit, au Royaume-Uni et dans le reste de l'UE. Depuis le début des négociations, Bruxelles insiste sur la nécessité de trouver un accord réciproque. D'après le Guardian, si Westminster reste droit dans ses bottes, les 1,2 million de Britanniques installés dans les pays membres pourraient perdre le droit de se déplacer librement au sein de l'Union: un Britannique installé en France ne déménagerait plus si facilement en Allemagne, par exemple. «On veut que l'Union Européenne fasse pression… Mais on aimerait qu'elle utilise comme leviers les futurs accords économiques, pas les droits des citoyens britanniques, c'est contraire à ses principes !» s'alarme cette Française installée en Angleterre depuis 1998.

Solder les comptes

Le Royaume-Uni et l'UE n'ont pas non plus beaucoup avancé sur le sujet clivant de la facture du Brexit. Bruxelles attend toujours la publication de la position britannique concernant ses obligations financières. «Une sortie ordonnée implique de solder les comptes», a rappelé Michel Barnier, à côté d'un David Davis qui exige de la «flexibilité» de la part des deux parties. Le montant, estimé entre 60 et 100 milliards d'euros, n'est pas encore défini, mais cette facture crispe les eurosceptiques de l'autre côté de la Manche et exulte les europhiles français. Le Royaume-Uni doit payer, martelait mercredi Bruno Le Maire. Avant de citer Margaret Thatcher qui, presque quarante plus tôt, exigeait lors d'un sommet européen : «I want my money back.»