La tension grimpe encore en Israël et dans les territoires palestiniens au lendemain de la «journée de colère» proclamée par le Hamas et le Fatah pour dénoncer l'installation de portails magnétiques à l'entrée du Haram al Sharif, l'esplanade des mosquées qui est également le troisième lieu saint de l'islam.
Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies se tiendra lundi sur les violences à Jérusalem, à la demande de la France, de la Suède et de l’Egypte, ont indiqué samedi des diplomates.
Peu après la fin des manifestations de vendredi (3 morts, 400 blessés), Omer el Abed (19 ans), un Palestinien du village de Koubar (Cisjordanie occupée) s’est infiltré dans la colonie de Halamish et y a poignardé les membres d’une famille religieuse qui procédait au traditionnel repas du shabbat. Un père, son fils et sa fille ont été égorgés. La grand-mère a été blessée. Quant à la mère et aux autres enfants, ils ont réussi à se cacher dans une chambre avant qu’un voisin alerté par les cris neutralise le tueur.
Situation explosive
Omer el Abed était certes un sympathisant du Hamas mais pas un militant. Deux heures avant de lancer son attaque, il avait en tout cas fait part de ses intentions sur sa page Facebook et publié ses dernières volontés dans un long «post» que le Shabak (la Sûreté générale israélienne qui passe les réseaux sociaux au peigne fin) n’a pas détecté. En revanche, son message a recueilli 18 000 «like» dans les territoires palestiniens.
«L'ampleur de ce soutien démontre à quel point la situation est explosive», affirme Sharon Blum, un ancien officier du Shabak. «Je suis certain qu'El Abed a agi seul et qu'aucune organisation ne lui a ordonné de tuer comme il l'a fait. Mais je suis tout autant persuadé que des milliers de loups solitaires sont prêts à suivre son exemple parce que l'affaire des portails sur l'esplanade des mosquées chauffe l'opinion palestinienne à blanc».
Peu après la tuerie de Halamish, les unités spéciales de Tsahal, l'armée israélienne, ont en tout cas bouclé le village de Koubar et arrêté le frère du tueur alors que des dizaines de jeunes gens cagoulés les affrontaient à coups de pierres et de cocktail Molotov. En visite dans la colonie située en face, le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman a en tout cas confirmé que la maison de la famille El Abed sera rasée. Il a d'ailleurs exigé que la procédure soit accélérée «pour l'exemple».
Nétanyahou inflexible
Sauf imprévu, Benyamin Nétanyahou réunira un cabinet restreint de la défense et de la sécurité dans la nuit de samedi à dimanche mais l’armée a pris les devants en déployant de nouveaux renforts en Cisjordanie et en multipliant les contrôles.
Le Premier ministre israélien consulte en tout cas beaucoup depuis quelques heures car la situation est délicate. En effet, si l’on pouvait jusqu’à présent envisager qu’il accepte de retirer les portails magnétiques de l’esplanade de la mosquée dans le cadre d’un compromis négocié par les pays voisins (Egypte, Jordanie) et les Etats-Unis, l’attentat de Halamish à tout changé : désormais il ne peut plus faire marche arrière sous peine d’être accusé de «céder au terrorisme» par une partie de son électorat et par les ultras de son gouvernement.
Benyamin Nétanyahou veut se montrer d'autant plus inflexible que Mahmoud Abbas a annoncé vendredi la rupture des contacts entre l'Autorité palestinienne (AP) et l'Etat hébreu. Et que le Fatah, son parti, a publié dans la foulée de l'attentat de Halamish un communiqué estimant que «la bataille pour la libération du Haram Al Sharif vient de commencer».