Menu
Libération
Elections

Au Sénégal, le marasme des législatives

publié le 28 juillet 2017 à 20h06

Les législatives sénégalaises, qui doivent se dérouler dimanche, ont des allures de pièce kafkaïenne. Cinq ans après l’arrivée au pouvoir du président Macky Sall, l’opposant porteur de tant d’espoirs, les mêmes problématiques subsistent : celle d’un fils au chômage, d’un paysan exproprié au profit d’une multinationale, d’un cousin noyé en mer pendant la traversée vers l’Europe en pirogue… Face à un tel marasme, difficile de mobiliser les électeurs sur son bilan. De plus, la coalition de la majorité présidentielle est confrontée à des candidatures peu banales.

Après douze années au pouvoir (2000-2012), Abdoulaye Wade est de retour dans l’arène politique, à 91 ans. Candidat dimanche, il est tête de liste nationale de Wattu Sénégal, une coalition de l’opposition. Chassé du pouvoir par la rue et les urnes en 2012, «Gorgui» («le vieux» en wolof) a atterri en grande pompe à Dakar le 10 juillet, après un début de retraite dans les Yvelines. Oubliés les scandales de corruption, les manifestations étudiantes, les longues heures de coupures d’électricité, les tripatouillages constitutionnels qui ont entaché ses deux mandats. L’ex-président s’est refait une virginité politique, propulsé star de sa coalition, seul rempart, selon ses partisans, à la confortable majorité présidentielle à l’Assemblée.

Certains voient dans sa candidature un désir de revanche contre Macky Sall, qui fut son Premier ministre. D’autres une façon habile de préparer la candidature à la présidentielle de 2019 de son fils Karim Wade, en exil au Qatar, après avoir été gracié par Macky Sall dans une affaire d’enrichissement illicite.

Autre candidat hors norme dans la course pour les législatives : le maire de Dakar, Khalifa Sall (aucun lien de parenté avec le président Macky Sall). Soupçonné de détournement de fonds publics, il est en prison depuis quatre mois et demi. A la tête de la ville depuis 2009, il souffre d'un déficit de notoriété au plan national, mais cela ne l'empêche pas d'être le challengeur le plus redouté de la majorité au pouvoir. «Il y a une suspicion légitime concernant le timing de la procédure judiciaire contre le maire de Dakar, entamée quelques mois avant les législatives», constate le politologue Yoro Dia. A plusieurs reprises, ses équipes ont formulé des demandes de liberté provisoire. En vain.

D’autres facteurs pourraient dissuader les électeurs de se rendre aux urnes. Difficile de s’y retrouver dans la liste des 47 partis qui briguent les 165 sièges. Ensuite,  800 000 d’entre eux n’avaient toujours pas leur nouvelle carte d’électeur à quelques jours du scrutin. En 2012 déjà, le taux de participation n’avait pas dépassé les 40 %.