Menu
Libération
Etats-Unis

Qui est le nouvel ambassadeur américain pour la liberté de religion ?

La Maison Blanche a annoncé mercredi la nomination de Sam Brownback à la tête du département pour la liberté religieuse internationale. Le Républicain est connu pour ses positions conservatrices.
Discours de Sam Brownback, gouverneur du Kansas, pour soutenir la candidature du Républicain Rick Perry à l'élection présidentielle, le 2 janvier 2012 à Perry (Iowa). (Photo Andrew Burton. AFP)
publié le 28 juillet 2017 à 12h59

Après avoir nommé un climatosceptique à la tête de l'agence de protection de l'environnement, Donald Trump a choisi le gouverneur du Kansas pour devenir le porte-voix de l'Office gouvernemental pour la liberté de religion. Cet organe fédéral a pour vocation de promouvoir ce droit fondamental, de s'assurer que les démocraties émergentes le respectent, et dénoncer les régimes qui le bafoueraient.

En tant que sénateur, Sam Brownback a longtemps défendu l’intervention américaine au Darfour au moment du génocide et s’est également rendu au Rwanda et au Congo pour témoigner de la crise humanitaire.

Sur le sujet du muslim ban, il est plus ambigu. En décembre 2015, alors que le milliardaire était candidat à la présidentielle, il faisait part de son opposition : «Je suis en désaccord avec cette mesure. Je questionne également sa constitutionnalité.» Pour autant, en janvier 2016, en réaction aux attentats sucessifs survenus à Paris, le gouverneur a retiré son état de la liste des participants au programme de réinstallation des réfugiés. Avant cela, il avait interdit l'accès au territoire du Kansas aux seuls Syriens. L'objectif, d'après lui, empêcher à de «faux» réfugiés de s'en prendre aux Américains.

En 2012, une loi, signée par Sam Brownback, posait déjà question. Elle assurait la prévalence de la loi américaine sur la loi islamique. Surnommée «la loi sharia», ses détracteurs l'ont accusé de stigmatiser les musulmans. Le porte-parole du Conseil pour les relations américano-islamiques (Cair) à Washington, Ibrahim Hooper, a dénoncé une mesure discriminatoire. «Il est malheureux que le gouverneur ait choisi de se plier à l'islamophobie grandissante dans notre société», a-t-il regretté.

Positions conservatrices

Sam Brownback est très proche des milieux chrétiens. Fraîchement converti au catholicisme – 2002 –, après avoir longtemps été évangélique, ses tweets sont régulièrement empreints de religion.

Durant la campagne présidentielle, Trump l'a nommé conseiller pour les questions ayant attrait au catholicisme, dont la liberté religieuse, «le brillant exemple» de l'éducation catholique ou encore l'avortement. Sam Brownback défend une législation restrictive sur ce dernier droit, ne l'autorisant dans son état qu'aux femmes en danger de mort. Il qualifie la vie de «sacrée», et a transmis à Donald Trump un calendrier en quatre étapes pour aboutir à une législation fédérale anti-IVG.

Le conservateur du Kansas a également donné la réplique à son homologue du Texas alors que celui-ci avait organisé une prière collective en 2011. Seul gouverneur a avoir accepté de s'y rendre sur les 49 invités, il est monté sur la scène du stade de Houston, devant 30 000 personnes venues s'adresser à dieu, les bras tendus vers le ciel, gesticulant dans une espèce de transe, ou étendues sur le sol. Cet événement s'inscrivait dans la campagne présidentielle du Texan Rick Perry qui souhaitait ainsi s'assurer le vote des mouvements évangéliques.

La nomination de Sam Brownback, favorisée, d'après le Washington Post, par des groupes religieux conservateurs, a été vivement critiquée par les associations LGBT, à l'image d'Equality Kansas, par la voix de son directeur exécutif, Tom Witt, qui témoigne dans le Washington Post de la vision conservatrice sur le mariage d'individus du même sexe : «Il a fait suffisamment de dégâts au Kansas.» Le Sénat doit encore s'exprimer pour valider ou non le choix de la Maison Blanche.