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Environnement

Canada : «Plusieurs études ont démontré le lien entre changement climatique et feux de forêt»

Selon la chercheuse à l'université d'Alberta Jen Beverly, 2 millions d'hectares partent en fumée chaque année dans le pays, soit deux fois plus qu'il y a cinquante ans.
Le 19 juillet près de Cache Creek, au Canada. (Photo Don MacKinnon. AFP)
publié le 3 août 2017 à 10h27

Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, s'est rendu lundi en Colombie britannique pour visiter des villes sinistrées par les violents incendies qui touchent la province. Depuis le 1er avril, 840 feux de forêt ont détruit 460 000 hectares et 305 bâtiments. L'état d'urgence a été déclaré dans la province le 7 juillet, et près de 50 000 personnes ont dû évacuer leur logement. Actuellement, 3 700 employés canadiens luttent contre les flammes. Le Mexique, les Etats-unis et l'Australie ont annoncé l'envoi de renforts cette semaine. Jen Beverly, spécialiste des incendies de forêt à la faculté des sciences environnementales de l'université d'Alberta, détaille comment le changement climatique a pu avoir un impact sur cette saison d'incendie particulièrement destructrice.

La saison des feux augmente-t-elle en durée et en intensité, d’année en année ?

Oui, la saison s'allonge. La date officielle de début a été avancée au 1er mars dans certaines provinces canadiennes. On a aussi observé un élargissement des superficies brûlées depuis quarante à cinquante ans. En moyenne, 1 million d'hectares de forêt étaient brûlés tous les ans au Canada au début des années 70. Aujourd'hui, il s'agit de 2 millions d'hectares par année.

Le changement climatique a-t-il un impact sur ce phénomène ?

Plusieurs études ont démontré le lien entre le changement climatique et l’augmentation notoire du nombre d’incendies dans le pays. Mais il est impossible pour les scientifiques d’affirmer que ce phénomène planétaire cause un incendie en particulier. Par contre, une multiplication d’extrêmes saisons de feux, comme celle qui se déroule actuellement en Colombie britannique, correspond à ce que nous devrions observer avec le changement climatique. Alors que les températures augmentent, les modèles de calculs indiquent qu’une amplification considérable des précipitations est nécessaire pour contrebalancer l’accroissement des risques d’incendie, soit 15% de précipitations en plus pour chaque degré de hausse de température.

Que font les provinces et le gouvernement fédéral pour prévenir ces incendies ?

Au Canada, la gestion des feux de forêt est la responsabilité des provinces et des gouvernements locaux. La prévention des incendies causés par l’homme passe par des programmes d’éducation et de sensibilisation, mais cela ne peut être efficace à 100%. Les feux provoqués par la foudre ne sont pas évitables, par exemple. Les départs doivent être contrôlés le plus rapidement possible, mais parfois les ressources en hommes manquent, comme c’est le cas actuellement. Les agences de gestion de ces catastrophes doivent alors établir sur quels feux intervenir en premier. Pour cela, elles reposent sur le système de classement du danger des incendies de forêt (CFFDRS). Grâce à des modèles informatisés de simulation de l’expansion des incendies, il prédit quel feu va se répandre le plus rapidement, et donc sur lequel il faut intervenir en priorité. Au Canada, les agences utilisent aussi des techniques particulières de gestion de la végétation pour atténuer les conséquences. Dans ce cadre, la structure biologique des forêts est modifiée et certaines parties sont élaguées.