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Jamie McCourt à Paris, un choix qui en dit long

Donatrice de la campagne de Trump, elle devrait être nommée ambassadrice en France malgré un manque d’expérience diplomatique.
Jamie McCourt à Los Angeles, en 2009. (Photo Liz O. Baylen. Los Angeles Times via Getty)
publié le 4 août 2017 à 19h36

Soutien de la première heure de la campagne de Donald Trump, Jamie McCourt a dépensé 400 000 dollars (plus de 340 000 euros) pour le fonds de sa campagne, 50 000 dollars pour l'investiture et 170 000 en faveur du Comité national républicain. Comme ses prédécesseurs, l'actuel président attribue quelques-uns des postes d'ambassadeur à ses donateurs privilégiés. Et la businesswoman de Californie est l'une des principales bénéficiaires : la Maison Blanche l'a désignée jeudi nouvelle ambassadrice des Etats-Unis en France et à Monaco. Un mandat diplomatique très convoité, qui lui échoit alors qu'elle avait été annoncée pour l'ambassade de Belgique en juin. Le gouvernement Trump n'a donné aucune explication à ce revirement : McCourt «possède une vision mondiale unique, [elle] a vécu et travaillé sur le sol américain et à l'international dans des domaines variés, le sport, la justice, la finance, l'éducation et l'immobilier».

Sport

Cette francophone de 63 ans a effectivement quelques atouts, malgré un manque d'expérience diplomatique. Détentrice d'un diplôme de droit de l'université du Maryland et d'un MBA (master de gestion des affaires) de l'Institut de technologie du Massachusetts (MIT), elle a également étudié à la Sorbonne. Elle connaît donc la France. Paris, mais aussi Aix-en-Provence, où elle a vécu. Elle met d'ailleurs en avant son intérêt pour le vin et la gastronomie, et possède des vignobles dans la Napa Valley, en Californie. «Un cœur pour les sports. Un esprit pour les affaires. Une voix pour la communauté» : tel est le slogan sur le site web de Jamie Enterprises, la société d'investissement dans l'immobilier haut de gamme et les technologies qu'elle a fondée en 2009. Elle fera d'ailleurs profiter de son expérience des affaires en donnant des cours à l'université de Californie, à Los Angeles, de 2005 à 2011. Son attrait pour les sports, elle l'assouvit à partir de 2004. L'ancienne épouse de Frank McCourt (actuel boss de l'Olympique de Marseille) a été la copropriétaire, du temps de son mariage, de l'équipe de base-ball des Dodgers. En 2011, leur divorce est prononcé, le plus cher de l'histoire de la Californie. C'est d'ailleurs la médiatisation de la procédure qui la fait connaître du grand public américain.

Humanitaire

Une procédure coûteuse, qui ne lui a pas permis de conserver les Dodgers. Qu’importe. Elle se targue d’avoir rempli des fonctions auxquelles aucune autre femme n’a pu accéder au sein de la Ligue de base-ball. Une ligne dans son CV qu’elle partage avec un autre ambassadeur, Craig Roberts Stapleton, en poste à Paris de 2005 à 2009 et copropriétaire (avec George W. Bush) des Rangers du Texas. Outre les soutiens qu’elle accorde au milieu politique, elle apporte son concours à des causes humanitaires, dont l’Unicef. McCourt subventionne aussi l’Université hébraïque de Jérusalem, où elle a étudié le droit comparé, et qui lui a remis un Scopus Award, attribué aux soutiens à l’établissement. Le poste à l’ambassade de France était vacant depuis la veille de l’investiture de Trump. Tous les diplomates avaient été rappelés, comme à chaque changement de majorité. Si sa nomination est confirmée par le Sénat, elle prendra ses fonctions après le vote et la présentation à l’Elysée. Une procédure qui pourrait prendre des mois. Un chargé d’affaires, Brent Hardt, a été nommé en juillet pour assurer la transition, en remplacement d’Uzra Zeya.