Raoul Ries est fasciné par les pays lointains. Avec le mont Fuji comme point de repère, le photographe luxembourgeois, 49 ans, est parti sur les traces du célèbre maître de l’estampe Katsushika Hokusai (1760-1849), au Japon.
Les gravures du peintre japonais, réalisées sur du bois de cerisier, appartiennent à un genre appelé ukiyo-e, qui signifie «images d'un monde flottant». Elles se caractérisent par une juxtaposition en trois temps. Au premier plan, une scène anodine du quotidien. Le second plan évoque l'une des quatre saisons. Enfin, à l'arrière-plan, la montagne sacrée qui plane au-dessus de l'ensemble, immuable. S'inspirant des célèbres xylographies de celui que l'on appelle «le vieux fou de dessin», Raul Ries propose avec sa série «36 Vues du mont Fuji» (1), une interprétation contemporaine de l'œuvre du peintre, où il respecte scrupuleusement les caractéristiques fondamentales de l'ukiyo-e.
Dans le travail de Ries, le monde humain s’insère graphiquement dans celui de l’éternel et du sacré de la montagne. Des poteaux ou des arbres coupent la silhouette de la montagne, et des toits de maisons ou autres constructions imitent le profil triangulaire du Fuji. Une présence qui évoque la quasi-éternité, la permanence, et nous renvoie au rapport des hommes avec la nature et le temps.
A voir, un diaporama sur Liberation.fr.
(1) Réalisée grâce à une bourse du Centre national de l'audiovisuel du Luxembourg.
Raoul Ries né en 1968 au Luxembourg, travaille à Londres et au Luxembourg. Série «36 Vues du mont Fuji» (2015-2016).