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Diplomatie

Face au blocus, le Qatar fait de la résistance

Mis à l’écart par ses voisins du golfe pour «soutien au terrorisme», Doha tente tant bien que mal de briser l’isolement, notamment en adoptant des mesures pour stimuler le tourisme et le transport.
A l'aéroport international de Doha, le 20 juillet. (Photo Stringer. AFP)
publié le 11 août 2017 à 10h20

Las d'en arriver à des extrémités telles que l'acheminement de 4 000 vaches par avion pour contourner le blocus diplomatique et économique imposé par ses voisins du golfe depuis le 5 juin, le Qatar joue la roublardise. Le pays a annoncé ce mercredi 9 août, au cours d'une conférence de presse du patron de la compagnie aérienne Qatar Airways, qu'il supprimait les visas d'entrée sur son territoire pour 80 nationalités. Une mesure qui vient s'ajouter au décret autorisant les étrangers vivant au Qatar d'avoir une résidence permanente. Le but ? Stimuler tant bien que mal le tourisme et le transport. La fermeture de son espace aérien en juin avait entraîné des complications pour la compagnie nationale, contrainte de rallonger ses itinéraires. Depuis, le Bahreïn et les Emirats arabes semblent avoir lâché du lest. Ils sont tombés d'accord, mardi 8 août, pour faciliter les vols de la compagnie qatarie. Mais le petit émirat avait déjà pris les devants pour subsister dans ce qui s'apparente à un blocus de riches.

Entre repli militaire, accords économiques, et soft power

Avant même l'annonce de ce mercredi visant à développer le tourisme au Qatar, plutôt connu pour être un grand hub international vers l'Asie, l'Europe et l'Afrique, des mesures étaient déjà prises. Le 14 juin, soit deux semaines après l'annonce des sanctions prises à l'encontre de l'émirat, le secrétaire américain à la Défense James Mattis et son homologue qatari Khaled al-Attiyah ont conclu un accord de 12 milliards de dollars (soit 10,2 milliards d'euros) pour la vente à Doha d'avions de combat F-15. Les Etats-Unis disposent déjà d'une grande base aérienne dans le désert du Qatar, où se trouve notamment le siège du Centcom, le commandement central américain qui dirige les opérations contre le groupe Etat islamique. Toujours dans un objectif militaire, le Qatar a mené début août des exercices terrestres et maritimes avec la Turquie. Ces derniers font suite à la commande début août, de navires de guerre italiens pour un montant de cinq milliards d'euros.

Sous pression économique, le premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL) a annoncé début juillet son intention d'augmenter de 30% sa production de gaz, pour passer de 77 à 100 millions de tonnes par an d'ici 2024. La compagnie d'Etat Qatar Petroleum et le géant français Total ont également scellé un partenariat de vingt-cinq ans pour développer le grand gisement pétrolier offshore d'Al-Chahine, situé sur la côte orientale.

Enfin, parce qu'il n'y a pas de petite victoire, la venue de Neymar au PSG, propriété du Qatar, est un pied de nez aux Emirats arabes unis qui s'illustrent plutôt dans des sports moins médiatiques comme les courses hippiques. L'acquisition des droits de diffusion dans la région de la Ligue des champions par la chaîne qatarie BeIn Sports est aussi une revanche pour Doha, alors même que sa chaîne sportive a été interdite en Arabie Saoudite et aux Emirats. Une histoire de jalousie pour les officiels qataris.