Dimanche, les ONG allemande et britannique Sea Eye et Save the Children ont emboîté le pas à Médecins sans frontières en mettant provisoirement un terme à leurs activités en Méditerranée. Le fondateur de Sea Eye, Michael Buschheuer, a déploré cette décision contrainte. «Nous laissons un vide mortel», a-t-il estimé, alors que l'association a secouru 12 000 personnes jusqu'alors.
Le 25 juillet, les autorités italiennes ont présenté treize mesures à destination des ONG pour réglementer l’assistance en mer au large de ses côtes. Depuis, les trois associations en contestent les termes, alléguant que l’objectif n’est pas d’organiser mais d’entraver leur action auprès des migrants.
Mego Terzian, le président de MSF France, estime que «ces mesures sont uniquement destinées à rassurer l'opinion publique italienne et les pays de l'Union européenne et compromettent l'efficacité de nos interventions». Samedi, Médecins sans frontières avait déjà pris la décision de suspendre ses activités de recherche et de sauvetage dans la zone pour marquer sa désapprobation. Le navire Prudence restera donc, lui aussi, à quai. L'association refuse de faire le jeu de mesures répressives qui tendent à criminaliser les activités humanitaires. Médecins sans frontières a justifié l'arrêt de ses activités par le changement de réglementation qui limite l'accès des bateaux aux eaux internationales au large des côtes libyennes et contraint les migrants à rester dans le pays, où ils subissent privations et violences. Dans un communiqué de l'ONG, Annemarie Loof, directrice des opérations de MSF, explique que «sans les navires des organisations humanitaires, il n'y aura pas assez de capacités pour sauver les gens de la noyade. Ceux qui ne se noieront pas seront interceptés et ramenés en Libye». MSF assure cependant qu'elle continuera à prodiguer des soins médicaux sur le navire SOS Méditerranée.
En dépit de ces protestations, la plupart des associations qui travaillent au sauvetage des réfugiés ont accepté de signer le code de conduite qui leur est désormais imposé par l’Italie et d’observer la réglementation de la Libye.