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Libération
Terrorisme

Donald Trump, général de l’intox

Via une anecdote factice, le président américain a fait l’éloge des méthodes expéditives pour contrer le jihadisme.
Donald Trump en août 2017. (Photo Jim Watson. AFP)
publié le 18 août 2017 à 20h26

L’outrance et l’intox. Réagissant aux attentats en Catalogne, où au moins un Américain a perdu la vie, Donald Trump s’est montré fidèle à ses valeurs cardinales. Dans un tweet publié trois heures après l’attentat de Barcelone, jeudi, le Président a justifié le recours aux méthodes les plus expéditives pour lutter contre le terrorisme islamiste, tout en s’appuyant sur une anecdote historique inventée de toutes pièces.

Dans son message, Donald Trump conseille : «Etudiez ce que le général Pershing des Etats-Unis faisait aux terroristes quand il les attrapait. Il n'y a plus eu de terrorisme islamiste radical pendant trente-cinq ans !» Une allusion à un supposé épisode historique dont il est friand. Il avait raconté, lors d'un meeting en février 2016, comment le général John Pershing, futur commandant en chef des forces américains débarquées en France en 1917, alors gouverneur à Moro, avait maté une insurrection dans cette province musulmane des Philippines au début du XXe siècle. Trump prétend que le général, ayant capturé 50 terroristes musulmans, avait demandé à ses soldats de tremper leurs balles dans du sang de porc, avant d'exécuter 49 des captifs. Le dernier d'entre eux aurait été libéré afin de pouvoir raconter dans ses rangs à quels traitements les insurgés s'exposaient. Cette méthode expéditive aurait eu pour effet, selon Trump, de pacifier la région pour des décennies. Mais cette histoire est une légende qu'aucun historien n'a pu confirmer. Elle aurait fait surface dans les réseaux complotistes après le 11 septembre 2001. Dans un long article, le site Snopes, célèbre pour ses chasses aux rumeurs, soulignait n'avoir «trouvé aucune référence à cet incident dans les biographies de Pershing, et cela ne correspond pas à la manière dont Pershing se comportait avec les Moros». Au-delà de l'exemple cité, c'est le fond du message de Trump qui pose question, légitimant à nouveau toutes les méthodes pour éradiquer le terrorisme.

Le locataire de la Maison Blanche avait été fortement critiqué pendant la campagne pour avoir affirmé que «la torture marche», promettant qu'il réinstaurerait la technique de simulation de noyade, utilisée sous Bush et supprimée par Obama. Vendredi, Trump a répété que le «terrorisme islamique radical» devait être arrêté par «n'importe quel moyen». Le Président s'en est aussi pris aux «démocrates obstructionnistes», accusés de «rendre la sécurité [du] pays très difficile. Ils utilisent les tribunaux et les reports disponibles en permanence. Ça doit s'arrêter !» Trump fait sans doute référence aux multiples recours contre son décret anti-immigration, appelé «Muslim Ban» par ses détracteurs, qui a été suspendu à plusieurs reprises par des tribunaux fédéraux avant d'être partiellement validé par la Cour suprême. Tentant de détourner l'attention de ses propos pro-suprémacistes du début de semaine, le milliardaire a organisé vendredi une réunion à Camp David sur la «sécurité nationale, l'armée et les frontières», affirmant qu'il construirait«rapidement les plus fortes jamais érigées».