Une cellule d'une douzaine de personnes, composée de quatre fratries et ramifiée autour d'un sulfureux imam (lire ci-contre) : les contours de l'équipe ayant frappé Barcelone et Cambrils jeudi soir (14 morts et 120 blessés) se dessinent. Libération fait le point.
Explosion à Alcanar
Aux alentours de 23 h 30, mercredi, une énorme déflagration secoue cette localité de l’extrême sud de la Catalogne. L’immeuble est entièrement détruit par l’effet de souffle, faisant plusieurs morts (de 3 à 4 selon les sources) et 7 blessés. Dans un premier temps, les enquêteurs pensent faire face à un «laboratoire clandestin» de fabrication de drogue. Puis comprennent rapidement, en raison de la nature des explosifs - du gaz butane et du TATP -, qu’ils mettent les pieds dans la planque d’une cellule terroriste. Un suspect est arrêté dans la foulée : Mohamed Houli Chemlal, 21 ans, un Espagnol né à Melilla, une possession située en territoire marocain. Les policiers catalans n’excluent pas que d’autres suspects passés par cette base arrière soient encore dans la nature.
Cet imprévu a-t-il bouleversé des plans établis ? Selon les autorités espagnoles, la cellule terroriste avait amassé pas moins de 120 bonbonnes de gaz. Originellement, deux attaques à la fourgonnette piégée semblaient planifiées : une sur les Ramblas de Barcelone, l’autre contre la célèbre Sagrada Família.
Attentat sur les Ramblas
Jeudi, 16 h 50 : un fourgon fonce dans la foule, sur les Ramblas, au cœur de Barcelone, tuant 13 personnes et blessant 120 autres. Jusqu'à tôt samedi matin, les Mossos d'Esquadra, la police autonome de Catalogne, attribuaient cette tuerie à Moussa Oukabir, 17 ans. Les autorités en tenaient pour preuve les multiples récits de témoins glanés sur les Ramblas, décrivant le conducteur comme un homme «maigre» et «d'une vingtaine d'années». Après vérifications, les Mossos d'Esquadra estiment que l'attaque a été perpétrée par Younès Abouyaaqoub, 22 ans. Marocain né à Mrirt, il est activement recherché par les polices européennes.
Attentat à Cambrils
Les corps à peine évacués des Ramblas, l’horreur reprend 120 kilomètres plus au sud, à Cambrils. Vers minuit, une Audi A3 percute des piétons sur le bord de mer (1 mort et 6 blessés). D’après un porte-parole du gouvernement régional, la voiture des terroristes finit par heurter un véhicule des Mossos d’Esquadra. Une fusillade s’engage, les cinq terroristes sont abattus. Ils sont désormais tous identifiés : Saïd Aallaa, 18 ans, originaire de Ribes de Freser (près de Girone), les frères Mohamed et Omar Hychami, Houssaine Abouyaaqoub, le frère du conducteur présumé de la fourgonnette-bélier des Ramblas, et Moussa Oukabir, suspecté dans un premier temps d’être l’auteur de la tuerie de Barcelone.
Trois personnes encore recherchées et quatre interpellées
Outre Younès Abouyaaqoub, la police catalane recherche toujours au moins deux personnes : Youssef Aallaa, le frère de Saïd, mort à Cambrils, ainsi qu’Abdelbaki Es Satty, l’imam de Ripoll. Des analyses ADN sont en cours pour déterminer si Es Satty et Youssef Aallaa font partie des corps exhumés des décombres d’Alcanar.
Depuis jeudi soir, les Mossos d’Esquadra ont également interpellé quatre personnes, dont Mohamed Houli Chemlal, lié à l’explosion d’Alcanar, mais aussi Driss Oukabir, 28 ans, le grand frère de Moussa. Son passeport a été retrouvé dans la fourgonnette projetée sur les Ramblas. Enfin, un troisième frère Aallaa, Mohammed, a été appréhendé, ainsi qu’un habitant de Ripoll. Le rôle exact de ces derniers reste, à ce stade, assez nébuleux.