«Des centaines de gens vont débarquer à Tunbridge Wells pour un festival secret de sexe dans les bois» (Kent Live). «Les flics vont renforcer la sécurité du festival le plus malsain du Royaume-Uni, les organisateurs craignant des éléments perturbateurs assoiffés de sexe» (Daily Star). Avant ce week-end, une brise de terreur soufflait sur Tunbridge Wells, 65 000 âmes, un havre de tranquillité à mi-distance de Londres et Brighton. En cause, la tenue de la Flamesfest dans les bosquets de la ville, un «événement privé» associant concerts de musique et «sexe excentrique». Charles, un habitant, se montrait inflexible dans le Daily Mail : «Je ne veux pas d'une horde de pervers qui déboule dans notre ville.» Même le Guardian donnait un écho à cet émoi : «Le festival du sexe de Tunbridge Wells soulève des craintes sur les places de stationnement.»
«Fétichisme»
Et en fin de compte ? Charles n'a peut-être pas vu le moindre bout de chair derrière ses rideaux. Pas l'ombre d'une plainte pour l'instant. Un peu de vacarme nocturne toutefois. Les organisateurs, qui attendaient 200 à 500 personnes, avaient prévu le coup : pas de nudité en plein air, sexe confiné au donjon, aux jacuzzis et à ces ateliers variés, comme celui promettant de couiner «avec des serpents». Alcool et drogues interdits. Tout comme les appareils photo, les chiens, les vélos et les barbecues. On a fait mieux comme orgie.
Voici le plus pathétique dans ce week-end supposément provoc, qui a défrisé pour rien les esprits chastes d'une ville moyenne anglaise (jusqu'à cette conseillère municipale qui se plaignait par avance : «Je ne suis pas prude, mais…») La Flamesfest, malin, vend des promesses façon Cinquante nuances de gris, des bisous en masques à plumes avec des chandelles qui tremblotent en arrière-fond, pour 385 livres le ticket d'entrée (422 euros) sans compter l'hébergement. Un frisson pour les bourgeois, afin d'en effrayer d'autres*. La foire aux questions (FAQ) sur le site donnait le ton : «Est-ce accessible aux handicapés ?» (réponse : «Ça dépend de la météo»), «Je n'ai jamais pratiqué le fétichisme» (rassurez-vous : «Vous serez entre de bonnes mains»). Lundi matin, une participante revendiquée dressait sur Facebook un bilan gnangnan : «Les mots qui me viennent à l'esprit : bien pensé, diversité, inclusif, lieu idyllique, calme, fou, vieux copains, nouveaux copains, satisfaction, luxe, bonheur, contentement, esprit zen.»
* Note de l'éditeur : ce n'est pas parce que des personnes ont mis 422 euros pour un ticket d'entrée qu'ils sont nécessairement bourgeois !