Six partis sont en lice pour les élections générales de ce mercredi. Plus de 9 millions d'électeurs se prononcent pour élire les 220 députés de l'Assemblée. La tête de liste du parti arrivé en tête des votes sera automatiquement désignée président pour cinq ans. Le Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA), au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1975, est donné favori. Même si selon Kelly Araujo, chercheure à la fondation Getúlio Vargas au Brésil, «les sondages de ces derniers jours estiment que le cumul des sièges des partis de l'opposition pourrait dépasser le nombre de ceux du MPLA et ainsi fragiliser la majorité qui n'obtiendrait pas le contrôle du Parlement».
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Même s'il ne se représente pas, le président José Eduardo dos Santos conserve la tête du MPLA. Son probable successeur, l'actuel ministre de la Défense, Joao Lourenço, ne pourrait être ainsi qu'un prête-nom. En cas de victoire de son parti, dos Santos continuerait à tirer les ficelles. «Le pouvoir sur les institutions gouvernementales et leur appareil juridique continuera à être exercé par l'actuel président. Le candidat désigné devra donc se soumettre aux desiderata de José Eduardo dos Santos», assure Kelly Araujo. D'autant plus que la famille du président sortant a noyauté les secteurs clef du pays (pétrole, banque, agriculture, BTP, médias…) et reste bel et bien toute-puissante en Angola.
Soupçons de fraudes
De forts soupçons de fraudes dans les inscriptions sur les listes électorales pèsent également sur le MPLA. Face aux dénonciations quotidiennes de malversations, les partis d’opposition ont donc demandé l’audition du président de la commission nationale électorale, André Silva Neto. Mais le problème est structurel puisque la commission électorale, formée par le Parlement est, de facto, assujettie au MPLA.
L’Union européenne émet également des doutes quant à la validité de ce scrutin. L’Angola a refusé les conditions de l’UE pour l’envoi d’une mission d’observation européenne. Bruxelles avait posé comme condition à la venue d’observateurs l’accès à tous les bureaux de vote. L’Angola n’a pas accédé à cette requête, officiellement en raison d’un manque de moyens pour assurer la sécurité de cette délégation. Bruxelles assimile pourtant ce refus – conjugué à un envoi tardif de l’invitation à ses observateurs – à la volonté du MPLA de masquer des fraudes électorales.
En réaction, l’abstention pourrait donc être élevée. Un des militants les plus en vue de l’opposition sur la scène nationale et internationale, le rappeur Luaty Beirao, a d’ailleurs appelé les Angolais à ne pas se rendre dans les bureaux de vote pour dénoncer le manque de transparence.