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Libération

«L’ex-première ministre thaïlandaise est malade, un problème d’oreille interne.»

publié le 25 août 2017 à 21h56

Des milliers de ses partisans étaient venus dans la nuit devant la Cour suprême, malgré les avertissements lancés par la junte thaïlandaise. Beaucoup avaient apporté des bouquets de roses à leur héroïne, l'ex-Première ministre Yingluck Shinawatra. Ils se sont rassemblés pour la lecture du jugement, ce vendredi, lors du procès de la femme politique déchue pour négligence dans l'exercice de ses devoirs - des faits remontant au moment où elle dirigeait le gouvernement, de 2011 à mai 2014, date du coup d'Etat militaire qui l'a destituée. L'enjeu : une possible peine de dix ans de prison. Mais Yingluck n'est pas apparue au tribunal. «Elle est malade, un problème d'oreille interne», a affirmé son avocat, Norawit Larlaeng. «Elle va venir. N'écoutez pas les rumeurs», lançait une femme dans la foule. Mais les heures s'écoulant, il est apparu qu'Yingluck ne viendrait pas et, comme son entourage le murmurait, qu'elle avait quitté le pays depuis plusieurs jours.

Partie dans une camionnette dès mercredi soir, elle serait passée par la frontière cambodgienne, via l’île de Koh Chang, avant d’arriver à Singapour. De là, son frère Thaksin Shinawatra, ex-Premier ministre lui aussi, l’aurait emmenée à Dubaï où il réside depuis 2008. Lui-même connaissait bien la manœuvre : après son éviction par un putsch, il s’était éclipsé du pays juste avant d’être condamné à deux ans de prison pour abus de pouvoir. Pour Yingluck Shinawatra, 50 ans, cette fuite marque vraisemblablement la fin de sa carrière politique.

Elle était jugée pour avoir engagé un programme de subventions à la culture du riz qui avait bénéficié à des millions de paysans, mais avait aussi entraîné des pertes financières massives pour l’Etat. Un de ses anciens ministres a été condamné vendredi à une peine de prison de quarante-deux ans dans la même affaire. On imagine la peine dont risque d’écoper Yingluck Shinawatra quand le jugement, repoussé en raison de son absence, sera prononcé le 27 septembre. Cette fuite à l’étranger bloque toute possibilité de retour au pouvoir du clan politique Shinawatra, qui a dominé le pays depuis près de vingt ans, hors période de régimes militaires.