Autoroutes transformées en torrents d'eau, familles perchées sur leur toit en attente des équipes de secours, voitures emportées par des inondations éclair, avec un air de déjà-vu, ces images tournent en boucle sur les chaînes d'info en continu américaines et sur les réseaux sociaux. Il y a presque douze ans jour pour jour, La Nouvelle-Orléans était dévastée par l'ouragan Katrina. Cette fois, 500 kilomètres à l'est, c'est au tour de Houston, la quatrième ville des Etats-Unis, d'être submergé par les pluies torrentielles de la tempête Harvey. Depuis vendredi, environ 1,25 mètre de précipitations est tombé sur la ville. Un record. Et le déluge devrait perdurer encore plusieurs jours. Lundi, le Service météorologique national déclarait, sur Twitter : «Il y a tellement de pluie que nous avons dû changer le code couleur de nos cartes.»
Plus puissant ouragan ayant frappé le Texas en cinquante ans, Harvey a atteint la côte américaine le 25 août, avec une force de catégorie 4 (sur 5). Sa très faible vitesse et les pluies torrentielles qui l'accompagnent rendent la tempête extrêmement dangereuse et provoquent tornades et inondations. Pour l'instant, au moins dix personnes auraient perdu la vie. Houston est une ville plate, mais construite au-dessus du niveau de la mer. Un des grands dangers qui menacent l'agglomération est le risque de débordement de deux bassins de retenue d'eau, censés la protéger en cas d'inondations. L'un de ces réservoirs a commencé à se déverser, mardi matin. Le second a déjà atteint un niveau critique, si bien que sa sonde n'émet plus de données. En débordant, ces deux bassins risquent de s'écouler en partie dans un bayou de la ville, déjà saturé en eau, et dans des quartiers qui n'ont pas encore été inondés. Mardi après-midi, c'est une digue du comté de Brazoria, au sud de Houston, qui a cédé sous les assauts de l'ouragan. Ainsi qu'un pont dans l'est de la ville. Quelques heures auparavant, des fuites de produits chimiques, probablement provoquées par la tempête, ont été repérées au niveau du port de Houston. «Restez à l'intérieur. Fermez les fenêtres et les portes. Eteignez la ventilation et la climatisation», a demandé le Centre de gestion des situations d'urgence du comté de Harris (centre-ville de Houston).
Cette région au sud-est du Texas est le plus important centre de production chimique des Etats-Unis, l’un des trois principaux hubs pétroliers ainsi que le deuxième port d’exportation du pays. D’après l’agence Bloomberg, plus d’un tiers de la fabrication de produits chimiques américaine serait paralysé par l’ouragan. Depuis vendredi, la réaction de Donald Trump a été scrutée intensément. En 2005, après Katrina, George W. Bush avait été critiqué pour son manque de réactivité. En vacances dans un ranch au Texas au moment de la catastrophe, il avait mis plusieurs jours à se rendre sur place et s’était contenté de survoler la zone. Trump tient visiblement à ne pas faire les mêmes erreurs que son prédécesseur républicain. Il s’est ainsi rendu sur les lieux du désastre mardi, dans un premier temps dans la ville de Corpus Christi, où Harvey a frappé en premier au Texas, puis dans la capitale de l’Etat, Austin, pour être briefé sur l’état de la situation.