Un raid aérien de la coalition antijihadiste dirigée par Washington a visé mercredi un convoi de combattants de l'Etat islamique (EI) évacués du Liban et se dirigeant vers l'est syrien, frontalier de l'Irak. La frappe a bloqué le convoi aux portes de Deir el-Zor. Elle constitue une réaction à un accord négocié entre les jihadistes et le Hezbollah libanais qui a provoqué l'indignation en Irak et des critiques de la part des Américains. «L'EI est une menace mondiale ; déplacer des terroristes d'un endroit à un autre n'est pas une solution durable», a affirmé le colonel Dillon, porte-parole de la coalition.
Un accord inédit entre l’Etat islamique et le Hezbollah libanais, et soutenu par le régime syrien, a permis l’évacuation de quelques centaines de djihadistes et de leurs familles lundi vers la frontière syro-irakienne. Un cessez-le-feu venait d’être conclu après une semaine de combats dans la région du Qalamoun entre l’EI et l’armée libanaise côté Liban ; et entre les jihadistes, le Hezbollah et l’armée de Damas côté syrien. L’EI était implanté depuis 2014 dans une poche de cette zone montagneuse à la frontière syro-libanaise.
Une dizaine d'autobus transportant les combattants ont été escortés par l'armée syrienne jusqu'à la province de Deir el-Zor, sous contrôle de l'EI et plus précisément vers la ville de Boukamal sur la frontière syro-irakienne. Le cortège incluait 11 ambulances du Croissant-Rouge syrien avec 25 blessés de l'EI. «Il n'y a plus un seul terroriste sur les collines, les montagnes, les vallées et positions frontalières», s'est réjoui Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, qui a appelé à célébrer cette «victoire» libanaise.
«Humiliation»
Mais cet accord a provoqué la colère de Badgad au moment où les forces irakiennes poursuivent le combat pour reprendre les dernières poches contrôlées par l'EI dans la province de Ninive. « C'est une humiliation pour le peuple irakien, a fustigé le Premier ministre Haïdar al-Abadi à propos du transfert des combattants de l'EI à sa frontière. Les forces irakiennes tentent d'éliminer Daech et non de le contenir.»
L’arrivée de nouveaux combattants de l’EI dans la région de Deir el-Zor permettrait en effet de renforcer les résistances des jihadistes dans cette zone et même de lancer des attaques à travers la frontière contre les forces irakiennes.
«Les terroristes de l'EI doivent être tués sur le champ de bataille et non transportés en bus à travers la Syrie jusqu'à la frontière irakienne sans le consentement de l'Irak», a tweeté Brett McGurk, envoyé spécial américain pour la coalition anti-EI.