Une petite musique, jouée tout l’été à Washington, commençait à s’installer : l’Iran ne respecterait pas ses engagements prévus par l’accord sur le nucléaire signé à Vienne en 2015 (JCPOA). L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a rendu public jeudi un rapport qui affirme précisément le contraire. Les quantités d’uranium faiblement enrichi et d’eau lourde ne dépassent pas les seuils autorisés par l’accord de 2015. Selon ce document trimestriel, cité par Reuters, le stock d’uranium faiblement enrichi représentait 88,4 kg le 21 août, bien en dessous de la limite fixée à 202,8 kg.
«Politisation du renseignement»
De même, l'Iran conserve 111 tonnes d'eau lourde sur son territoire, pour 130 tonnes autorisées par l'accord. Le rapport de l'AIEA confirme que Téhéran en a bien expédié 20 tonnes à Oman en juin, alors que le stock se rapprochait dangereusement de la quantité maximale. Le ministre des Affaires étrangères de la République islamique, Javad Zarif, a reproché aux Etats-Unis de faire preuve de «mauvaise foi», rappelant quelques jours plus tard que Trump «a toujours voulu tuer [l'accord]». Pendant la campagne, le candidat républicain avait promis de le «déchirer» s'il était élu. Il n'en a rien fait jusqu'ici, renouvelant régulièrement la suspension des sanctions.
Iran - unlike the U.S. - has complied in good faith with the letter AND spirit of JCPOA. Rhetoric & actions from U.S. show bad faith. 1/3
— Javad Zarif (@JZarif) July 28, 2017
Donald Trump ne désarme pas pour autant. Selon une enquête publiée en début de semaine par The Guardian, la Maison Blanche met la pression aux agences de renseignement américaines pour qu'elles prouvent les violations de l'accord. Une «politisation du renseignement» que le quotidien britannique compare à la situation de 2003, quand l'administration Bush voulait à tout prix démontrer que Saddam Hussein, alors au pouvoir en Irak, disposait d'armes de destruction massive, justifiant l'intervention américaine. De son côté, le président iranien Hassan Rohani a été réélu en mai sur son bilan – la levée des sanctions après la signature de l'accord – et la promesse que la population iranienne bénéficiera davantage de la reprise économique censée en découler.