Une nouvelle étape cruciale. Si l'utilisation d'une bombe à hydrogène, aussi appelée bombe H, se confirme, il s'agira d'une avancée considérable du programme nucléaire nord-coréen. Jusqu'ici, le régime n'avait testé, lors de ces cinq essais, que des bombes A - l'affirmation selon laquelle le test de janvier 2016 était déjà une bombe H n'a jamais été confirmée. Les armes thermonucléaires (ou bombe H), encore plus dévastatrices, reposent sur la fusion des atomes, contrairement aux bombes de première génération qui font appel à la fission. A titre de comparaison, la bombe A larguée par les Etats-Unis sur Hiroshima a atteint une énergie de 15 kilotonnes environ, alors que le premier essai thermonucléaire français est estimé à 26 000 kilotonnes. Les estimations du dernier essai nord-coréen, établies en mesurant le séisme qu'il a provoqué, varient énormément, l'organisme spécialisé norvégien Norsar évoquant une explosion de 120 kilotonnes. «Les armes thermonucléaires ont en général deux étages, écrit le spécialiste Nicolas Roche dans Pourquoi la Dissuasion (PUF) : un premier étage, dit amorce à fission, vient […] "allumer" un étage de puissance à fusion qui fournit l'essentiel de la puissance.» Selon l'expert balistique coréen Young-keun Chang, la forme de la bombe H visible sur les photos diffusées par le régime correspond à ce type d'arme : «La partie avant ressemble à une bombe atomique qui déclenche la fission nucléaire, et la partie arrière, un second étage qui génère les réactions de fusion nucléaire.» Plus puissantes et nécessitant moins de masse, les armes à hydrogène se prêtent bien en théorie à la miniaturisation, souligne Roche. A condition d'en maîtriser la technique. Le régime nord-coréen a affirmé qu'il pouvait installer sa bombe H sur son nouveau missile intercontinental. Testé pour la première fois cet été, il a valu à la Corée du Nord de nouvelles sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies.
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