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Libération
Desastre

Irma : Saint-Martin détruite à 95%, Barbuda ravagée, au moins cinq morts

Après Irma, Mariadossier
L'ouragan, qualifié «d'historique» par son intensité, a longé Porto Rico et se déplace désormais vers la République dominicaine.
Des voitures bloquées sur l'île de Barbuda, le 6 septembre. (Photo Gemma HANDY. AFP)
publié le 6 septembre 2017 à 12h19
(mis à jour le 7 septembre 2017 à 17h46)

Le bilan le plus dramatique du passage de l'ouragan Irma dans les Antilles est venu de la partie française de Saint-Martin, avec 4 morts et une cinquantaine de blessés, a annoncé jeudi après-midi le Premier ministre Edouard Philippe. «Aucune personne décédée n'a été constatée à ce stade» sur Saint-Barthélemy, a-t-il précisé. Dans un précédent bilan provisoire, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb avait annoncé «huit morts et 23 blessés» sur les îles françaises.

Le préfet de la Guadeloupe voisine a estimé «peut-être à 60%, 70% les habitations détruites» sur cette île. Plus pessimiste, Daniel Gibbs, président du conseil territorial français de Saint-Martin, a estimé l'île «détruite à 95%». «Si on a un autre cyclone qui nous tombe dessus samedi, (...) ce n'est pas le nombre de morts qu'on va compter, c'est les vivants», a-t-il ajouté.

Le président français Emmanuel Macron a prévenu qu'il fallait s'attendre à «un bilan dur et cruel».

«Pas de pillage organisé»

Sur les réseaux sociaux, des photos et vidéos dévoilent l’ampleur des dégâts sur les deux îles, où l’électricité et les télécommunications sont coupées: bateaux transformés en petits bois dans un port, arbres étêtés par des rafales de vent, toitures envolées, voitures immergées dans les rues.

Un journaliste de la radio RCI international, présent à Saint-Martin, a de son côté évoqué la présence de jeunes gens «en train de piller le centre-ville». «Dans certains magasins éventrés par les éléments, les gens sont allés voler, mais il n'y a pas de pillage organisé», a relativisé le préfet de la Guadeloupe.

«Les dégâts sont énormes, à tel point que nous n'arrivons pas encore à les mesurer», a commenté de son côté le ministre néerlandais de l'Intérieur Ronald Plasterk, au sujet de la partie néerlandaise de Saint-Martin.

Le cinquième mort recensé pour l'instant sous les rafales d'Irma a été enregistré sur Barbuda, coupée du monde pendant de longues heures. L'île a été «totalement dévastée», selon Gaston Browne, le Premier ministre d'Antigua-et-Barbuda. Barbuda, qui compte environ 1 600 habitants, «n'est plus qu'un tas de décombres», a-t-il insisté.

«Des fantômes chez moi»

Irma, ouragan de catégorie 5, a commencé à longer la côte nord du territoire américain de Porto Rico à partir de 23h GMT mercredi, se déplaçant à la vitesse de 26 km/h vers l'ouest et la République dominicaine. Le service météorologique de Porto Rico a mis en garde contre des «conditions très dangereuses sur toute l'île» et a étendu jusqu'à 3h15 GMT jeudi son alerte aux crues subites.

Plus de la moitié des 3 millions d’habitants de Porto Rico sont désormais sans électricité et des rivières sont sorties de leur lit dans le centre et le nord de l’île.

«On aurait dit qu'il y avait des fantômes chez moi», a témoigné Blanca Santiago, employée dans un hôtel en face de la plage d'Isla Verde, dans la capitale San Juan, estimant qu'Irma est plus fort que Georges, qui avait tué sept personnes en 1998.

En République dominicaine, le gouvernement a ordonné de premières évacuations sur les zones littorales, même si l’oeil du cyclone ne devrait a priori pas toucher l’île selon l’Office national de météo (Onamet). Selon le National hurricane center (NHC) américain, Irma devrait ensuite progresser vers Cuba, puis la Floride, qu’il devrait toucher en toute fin de semaine.

Le président américain Donald Trump, qui possède une villa à Saint-Martin, a placé les îles Vierges américaines, Porto Rico et la Floride en état d’alerte.

«Un ouragan historique»

Irma «est d'ores et déjà un ouragan historique» et «d'une intensité sans précédent sur l'Atlantique», selon Météo-France. Il est plus puissant qu'Harvey, qui a récemment frappé le Texas et la Louisiane, y faisant au moins 42 morts.

A Cuba, où Irma est attendu «dans les 48 à 72 heures» selon l'état-major de la Défense civile, l'état d'alerte a été déclaré dans les provinces orientales.

A Haïti, les habitants de Cap-Haïtien semblaient eux apprendre l'arrivée de l'ouragan au gré des conversations. «C'est grâce au bouche-à-oreille qu'on apprend toujours les choses. Aucune autorité n'est venue nous dire quoi que ce soit», enrageait Josué Rosse.

Après Harvey, après Irma, la zone pourrait ensuite subir Jose: cette tempête tropicale, qui devrait s'approcher de la catégorie 3 vendredi, a été reclassifiée en ouragan par le NHC, tout comme la tempête Katia. «Katia pourrait toucher l'Etat de Veracruz vendredi soir», et impacter près d'un million de personnes, selon le gouvernement de cet Etat du Mexique.