Certains people, Johnny et Laeticia Hallyday, Jean Reno, l’oligarque Roman Abramovitch, y ont une résidence secondaire ; d’autres, tels Leonardo DiCaprio, Bono, Marc Jacobs, Salma Hayek y passent régulièrement leurs vacances en hiver.
Dans l'imaginaire collectif, l'île de Saint-Barthélemy et sa capitale Gustavia, frappées de plein fouet mercredi par l'ouragan Irma (voir ci-contre) sont le hot spot de villégiature du gotha mondialisé. Cet Eden aride et rocailleux de 24 km2, à 230 km au nord de la Guadeloupe, est d'ailleurs inaccessible en avion - sauf pour les petits engins de moins de 15 places au départ de l'aéroport international de Saint-Martin. Un poil plus au nord de l'arc des Antilles, cette seconde île, moitié française, moitié néerlandaise, où 95 % des habitations ont été détruites par le cyclone, est beaucoup moins connue du quidam français que des touristes nord-américains, qui s'y déversent par paquebots et charters.
Statut à part
Outre l'azur de leurs lagons, Saint-Barth (environ 9 500 habitants) et la partie française de Saint-Martin (35 000) partagent un point en commun de taille : leur statut à part de collectivités d'outre-mer (COM) obtenu lors de la révision constitutionnelle de 2007. Cette autonomie, plébiscitée par les locaux lors d'un référendum en 2003, était d'ailleurs une revendication de longue date, notamment pour officialiser le régime d'exonération fiscale et douanière. «La volonté d'autonomie traduisait ce besoin de s'affirmer économiquement par rapport à la Guadeloupe, explique François Taglioni, professeur à l'université de la Réunion. Aujourd'hui, ce sont des paradis fiscaux dotés d'un statut de zone franche.»
Occupées par intermittence par les Français depuis le milieu du XVIIe siècle, les deux enclaves n'étaient en effet, et depuis la départementalisation de 1946, que des communes de la Guadeloupe. Or, l'arrivée des premiers touristes dans les années 60, une manne pour ces territoires sans industrie et vivotant d'une petite agriculture vivrière, a changé la donne économique des deux îles. «Le tourisme est venu réorganiser entièrement ces micro-espaces, observe Edith Fagnoni, géographe à l'université Paris-IV, spécialiste des flux touristiques. Ces îles affichent donc une vraie dépendance à l'activité touristique.»
Déséquilibre
A la différence de Saint-Barthélemy, l’île favorite des milliardaires depuis l’installation des Rockefeller en 1957, se dorer la pilule à Saint-Martin est l’affaire des masses. Selon l’Institut d’émission des départements d’outre-mer, 2,4 millions de touristes, principalement des croisiéristes nord-américains, se sont agglutinés en 2013 sur les plages de l’île franco-néerlandaise, tandis que 321 000 VIP fortunés profitaient des plages de Saint-Barth.
A Saint-Martin toujours, c’est dans la partie dépendante des Pays-Bas, que se concentre le flot touristique, grâce à ses casinos mais aussi à son port en eaux profondes et à un aéroport qui accueille des compagnies low cost. En 2014, un rapport parlementaire indiquait que ce déséquilibre, couplé aux difficultés touristiques, se traduisait, pour la partie française de l’île, par un taux de chômage massif de 27,1 % de la population active (deux fois plus élevé que de l’autre côté de la frontière). Ce qui entraîne une grande précarité (10 % des Saint-Martinais étant allocataires du RSA), et nourrit le crime organisé. Un décor beaucoup moins paradisiaque qu’il n’en a l’air.