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Discrimination

Russie : Aeroflot ne pourra plus limiter le tour de taille de ses hôtesses

La compagnie bannissait les salariées jugées en surpoids de certains vols. Une pratique interdite mercredi par la justice du pays, qui n'a cependant pas reconnu explicitement l'existence d'une discrimination.
Des hôtesses de la compagnie russe Aeroflot, le 18 juillet à l'aéroport Zhukovsky de Moscou. (Photo Mladen Antonov. AFP)
publié le 8 septembre 2017 à 8h45

Aeroflot ne pourra plus interdire certains vols aux hôtesses jugées «trop grosses». La justice russe a interdit mercredi à la compagnie aérienne publique de limiter le tour de taille de ses hôtesses de l'air. Saisi par deux employées, le tribunal municipal de Moscou a invalidé un point du règlement de la compagnie russe datant de 2011 et limitant l'uniforme à 48 en taille russe (qui correspond à une taille 42 dans la plupart des pays européens).

La compagnie Aeroflot a été condamnée à payer des dommages de 5 000 roubles (73 euros) à Evgenia Magurina, 42 ans, et Irina Ierusalimskaya, 45 ans pour préjudice moral. Les deux femmes avaient été interdites de voler sur des long-courriers, plus lucratifs, en raison de leur poids, rapporte notamment le Guardian.

Une victoire en demi-teinte

La victoire n'est cependant que partielle : la justice n'a en effet pas explicitement reconnu le caractère discriminatoire de cette disposition du règlement, ce que réclamaient les deux hôtesses. Aeroflot, qui devra modifier son règlement interne en conséquence, s'est déclarée «satisfaite» du jugement.

Déboutées en première instance au printemps, les deux plaignantes dénonçaient une discrimination fondée sur le physique, contraire, selon elles, au code du travail russe et aux textes de l'Organisation internationale du travail sur l'interdiction de la discrimination, souligne l'agence Tass. Les deux hôtesses avaient accusé la compagnie d'avoir photographié, mesuré et parfois pesé les personnels de bord, avant d'affecter les femmes jugées «en surpoids» aux vols intérieurs, moins prestigieux et moins rémunérateurs, détaille le site Geopolis. Plusieurs centaines d'employées seraient concernées.

«Aeroflot est une compagnie aérienne premium et une partie de la raison pour laquelle les gens payent des billets est l'apparence de ses employés», avait justifié très sérieusement en avril un membre de sa direction, cité par le Guardian. Selon une étude de l'Association du transport aérien international relayée par Quartz, la majorité des voyageurs optent – on se doutait – pour une compagnie plutôt qu'une autre en fonction du prix du billet, et non de l'apparence du personnel de bord. Aeroflot n'est pas la première compagnie aérienne accusée de discrimination en fonction du poids : en 2011, Thai Airways avait demandé aux employés qui ne répondaient pas à ses nouveaux standards de perdre du poids dans les six mois, tandis que plusieurs compagnies, comme Malaysia Airlines, refusent que leur personnel de bord dépasse un certain indice de masse corporelle (IMC).