«Vu la conception de ces bâtiments, ces tempêtes ne sont rien», se vante Gil Dezer, promoteur immobilier de Miami, auprès du magazine numérique Mansion Global. La plus grande source de fierté de ce partenaire commercial de Donald Trump : la Porsche Design Tower, une tour résidentielle de 195 mètres de hauteur à Sunny Isles Beach (Floride), qui permet aux locataires de garer leurs voitures à l'étage où ils résident. Face à l'ouragan Irma, qui doit frapper cet Etat ce dimanche, Dezer a transformé le bâtiment en une sorte de coffre-fort pour les voitures de luxe : «Tous mes amis m'appellent. C'est vraiment l'endroit le plus sûr pour les milliardaires pour héberger leurs jouets.»
Au Texas, Harvey a montré quels dégâts pouvaient causer un ouragan de catégorie 4 quand on n'a pas la possibilité de garer sa voiture dans un parking robotisé de 60 étages : les experts estiment le nombre de véhicules détruits à 500 000. Or, «malgré l'obligation légale d'avoir une assurance pour la voiture, environ 15% des véhicules au Texas n'ont aucune couverture», indique Mark Hanna, de l'association Insurance Council of Texas, à Libération. De plus, seulement trois quarts des assurés disposent des garanties incluant les dégâts causés par des catastrophes naturelles. Jusqu'à 200 000 voitures endommagées n'ont donc aucune protection.
Densification de l’urbanisation
En ce qui concerne les habitations, la situation au Texas est encore plus grave. Les garanties d'une assurance standard couvrent les dégâts causés par une tempête. En revanche, les inondations sont prises en charge par l'Etat fédéral, à condition d'avoir souscrit à une complémentaire. «En fonction du district, le pourcentage des ménages résidant sur la côte et disposant d'un complément d'assurance contre l'inondation va seulement de 15% à 40%», explique Hanna. Des milliers de personnes affectées par Harvey ne seront donc pas dédommagées.
Et maintenant, c'est à Irma. Cet ouragan avait atteint la catégorie 5 avant de ravager les Antilles mercredi. Rétrogradé en catégorie 4, le voilà qu'il frappe désormais le sud de la Floride depuis ce dimanche matin. Au risque d'inondation s'ajoute une force du vent plus élevée que pour Harvey. Dans un récent rapport sur la situation à Miami en cas d'ouragan, le réassureur Swiss Re décrit une image sombre. Si beaucoup de mesures de protection ont été mises en place depuis Andrew – le dernier ouragan de catégorie 5 à avoir ravagé le sud de la Floride, en 1992 –, aujourd'hui, les dégâts devraient être encore plus importants. La croissance de la population et la densification de l'urbanisation, ainsi que l'élévation du niveau de la mer ont fait grimper le potentiel dévastateur d'un ouragan majeur. De plus, les experts de SwissRe dénoncent un important écart au niveau de la couverture d'assurance. Ainsi, à l'échelle de la ville, plus de 40% des dégâts causés par une tempête comme Andrew ne sont pas couverts.
A Miami, qui a la réputation d'être une «terre de riches», ceux qui ont la possibilité de garer leur Rolls Royce dans la Porsche Design Tower de Gil Dezer auront donc probablement peu d'ennuis avec Irma, mais il ne faut pas oublier que dans cette ville, le taux de pauvreté atteint 26%.