Il a un plan. Tony Blair met, une fois de plus, les pieds dans le plat du Brexit. Après des années de retrait de la vie politique britannique, l’ex-Premier ministre travailliste intervient de plus en plus dans le violent débat qui agite depuis seize mois le Royaume-Uni. Pour cet europhile convaincu, la décision de quitter l’UE reste une catastrophe, mais pas totalement inévitable. D’où son plan, détaillé dans un rapport écrit par un ancien fonctionnaire de Downing Street, Harvey Redgrave, et publié par le «Tony Blair Institute for Global Change», une plateforme qu’il a lancée en mars, en réponse au Brexit mais aussi à la montée des populismes.
Ce rapport, le premier d'une série qu'il entend publier au cours de l'automne, insiste sur la nécessité d'utiliser tous les leviers déjà en place dans la régulation européenne, et quelques nouveaux, pour limiter et contrôler l'immigration en provenance de l'UE. Et permettre d'envisager de rester en son sein. Ces leviers, a-t-il reconnu dimanche au Sunday Times puis dans une interview à la BBC, n'ont jamais été utilisés au Royaume-Uni, y compris lorsqu'il était à la tête du gouvernement. «L'air du temps était différent et une politique intelligente doit prendre en compte ces changements», se défend-il.
Le Royaume-Uni n'a jamais mis en place aucun contrôle pour vérifier qui entre ou sort du pays et pour quelles raisons. Des mesures qui peuvent être appliquées sous les lois européennes existantes. Pour Blair, il s'agit désormais de reconnaître les inquiétudes de ceux qui ont voté «Leave» vis-à-vis des «pressions sur les services publics», celles sur «les salaires à la baisse» ou encore «l'intégration culturelle des immigrés». Mais «le Brexit est une distraction, pas une solution aux problèmes existants», insiste Blair. Qui propose de renforcer les contrôles sur la liberté de mouvement des étrangers européens, de réduire l'accès aux soins gratuits pour les immigrés sans emploi, d'imposer d'avoir déjà une offre d'emploi avant d'arriver sur le sol britannique ou d'imposer des frais de scolarité supérieurs pour les étudiants européens que pour les Anglais. Il suggère aussi de négocier avec l'UE un «frein d'urgence» à l'immigration pour certains secteurs de l'économie qui seraient saturés. (à Londres)