Menu
Libération
Irma

Floride : la peur s’éloigne, le pire est évité

Après Irma, Mariadossier
Arbres déracinés, grues effondrées, quartiers inondés… Après le passage de l’ouragan Irma qui a fait quatre morts aux Etats-Unis, les habitants de Miami découvrent peu à peu l’étendue des dégâts. Donald Trump a déclaré l’état de catastrophe naturelle.
Un complexe hôtelier inondé sur l’île de Key Largo, en Floride, le 11 septembre. (Photo Wilfredo Lee. AP)
par Théophile Simon, envoyé spécial à Miami
publié le 11 septembre 2017 à 20h46

En ce lundi matin, Jonathan Castro promène son chien le long de la baie de Miami, sous un soleil radieux. Comme de nombreux autres curieux venus constater les dégâts causés par l’ouragan Irma, ce résident du centre-ville est plutôt soulagé : «Mon quartier a été inondé, mais l’eau n’est restée que quelques heures avant de refluer vers la mer. Les dommages sont moins importants que ce à quoi nous nous préparions.» La métropole peut désormais respirer. L’ouragan «nucléaire», tel que l’avait qualifié le maire de Miami Beach, n’aura finalement pas atteint le niveau de destruction redouté. Malgré le soulagement et un soleil ayant rendu à la quatrième plus grande ville des Etats-Unis ses airs habituels, il faudra du temps pour que la vie y reprenne complètement son cours.

«Dégâts des eaux significatifs»

Miami Beach a ainsi été envahie par les eaux, et sa célèbre plage n’est désormais plus qu’une immense étendue d’algues et de débris. Les autorités ont fermé la péninsule au public, le temps de déblayer les centaines d’arbres couchés, les câbles électriques effondrés et quelques fuites de gaz signalées à plusieurs endroits de la station balnéaire. Le quartier d’affaires de Brickell, situé en zone inondable, a lui aussi été sinistré. Les rues ont été recouvertes par plusieurs dizaines de centimètres d’eau, laissant derrière elle des parkings inondés et des rues jonchées de débris en tout genre. De nombreuses vitres ont également été soufflées par des vents soufflants à plus de 160 km/h, et deux gigantesques grues se sont effondrées sur les immeubles alentour.

Dans la journée de lundi, la police bloquait toujours certaines rues, dont les façades laissaient s'échapper des bris de verre. Et à proximité de la mer, certains bâtiments qui risquent de s'effondrer ont été condamnés, en attendant la visite d'architectes spécialisés. L'aéroport de Miami, l'un des plus importants du pays, est resté fermé lundi et a souffert de «dégâts des eaux significatifs», selon son directeur. Témoins de la puissance de l'ouragan, des dizaines de bateaux de plaisance ont été coulés par les vagues dans les marinas de la baie. En plus des dégâts matériels, il y a eu certaines scènes de pillages à travers la ville, quelques heures à peine après le pic d'intensité de l'ouragan. La police municipale a annoncé avoir arrêté près d'une trentaine de personnes dans la soirée de dimanche.

Pour la Floride, c’est désormais le grand retour qui débute. Les quelque 43 abris anti-ouragans ouverts dans le comté de Miami-Dade ont commencé à rapatrier chez eux leurs dizaines de milliers de réfugiés, et plusieurs millions d’habitants du sud de l’Etat sont attendus sur les routes dans les jours prochains. L’angoisse des dégâts causés aux habitations devrait être particulièrement aiguë dans l’ouest de la Floride, où l’ouragan a touché terre.

Moins meurtrier que prévu

Rétrogradé en catégorie 4, le cyclone a frappé l’archipel des Keys dimanche matin, avec des rafales à près de 200 km/h, puis est arrivé sur le sol américain au niveau de Marco Island, à une vingtaine de kilomètres au sud de la ville côtière de Naples. Pendant qu’il continuait son chemin destructeur à travers l’ouest de l’Etat, l’ouragan a été rétrogradé en catégorie 2 dimanche soir, et s’apparentait lundi à une grosse tempête tropicale remontant vers la Géorgie.

Lundi, le bilan provisoire faisait état de quatre morts sur le sol américain, après avoir tué au moins 27 personnes dans les Caraïbes. Deux voitures sont notamment entrées en collision dans le comté de Hardee, tuant les conducteurs sur le coup. Sous l’effet des vents violents, un homme a également perdu le contrôle de son véhicule dans l’archipel des Keys. Si ces chiffres devaient se confirmer dans les jours à venir, le cyclone de ce week-end pourrait avoir été bien moins meurtrier que d’autres ouragans de taille similaire ayant traversé la Floride par le passé. A titre de comparaison, quelque 400 personnes avaient péri lors de celui de 1926, et 44 autres avaient trouvé la mort lors du cyclone Andrew, en 1992.

L’urbanisation galopante de la Floride pourrait en revanche avoir occasionné des dégâts matériels records. En vingt-cinq ans, la population de l’Etat a augmenté de près de 60 %, et s’est principalement développée sur le littoral, rendant les villes de plus en plus vulnérables à ce type de phénomène climatique. Alors qu’Andrew, ouragan de catégorie 5, avait privé d’électricité environ 1,5 million de personnes, ce sont cette fois près de 6 millions d’habitants qui ont été plongés dans le noir au cours du week-end. Il faudra plusieurs semaines avant un retour à la normale, a affirmé lundi l’entreprise Florida Power & Light, le premier fournisseur d’électricité de l’état. Donald Trump, qui a déclaré l’état de catastrophe naturelle dimanche soir, devrait se rendre sur place en début de semaine. Grand amoureux de cette péninsule, où il possède l’une de ses résidences préférées (Mar-a-Lago), le Président devrait trouver une région sonnée mais toujours debout. La Floride a finalement évité le pire.