Le gouvernement britannique est sur la défensive après de lourdes critiques sur sa réponse au désastre de l’ouragan Irma sur les Antilles, notamment en comparaison avec les réponses de la France ou des Pays-Bas. Le ministre de la Défense, Michael Fallon, et celui des Affaires étrangères, Boris Johnson, ont été chargés de défendre l’action du gouvernement dans les médias. Les principales critiques concernent la lenteur des opérations, en raison du manque d’anticipation des autorités, alors que plusieurs jours se sont écoulés entre le moment où la trajectoire et la force d’Irma ont été établies et celui où il a frappé l’archipel des Caraïbes.
«Les experts et beaucoup de personnes sur les lieux ont critiqué le niveau global d'aide actuellement offert et le manque apparent d'anticipation», ont notamment souligné les comités des Affaires étrangères et du Développement à la Chambre des Communes. «La réponse britannique laisse encore à désirer», ont écrit les comités dans une lettre au gouvernement. Josephine Gumbs-Conner, juriste sur l'île d'Anguilla, territoire britannique, a expliqué sur la BBC Radio Four qu'à «Saint Martin, les Français s'étaient assurés qu'ils avaient des militaires sur place [avant le passage de l'ouragan, NDLR], de sorte que leur réponse a été rapide, efficace et utile. Ce qui a totalement manqué dans le cas britannique. Même si nous comprenons que ces choses prennent du temps, je suis personnellement très déçue.» Dimanche, le ministre de la Défense Michael Fallon avait déjà vigoureusement répliqué en affirmant sur la BBC que les secours britanniques avaient été «aussi efficaces que les autres».
«Catastrophe sans précédent»
Lundi, le quotidien conservateur The Daily Telegraph a affirmé qu'un avion français de secours avait quitté l'île de Saint-Martin à moitié vide après avoir refusé d'embarquer des touristes britanniques, au motif que les militaires n'avaient pas reçu l'autorisation des autorités britanniques d'embarquer des «réfugiés». Le quotidien cite par ailleurs la réponse «déplorable» du gouvernement britannique. La France a démenti cette information et le Premier ministre français Edouard Philippe a expliqué au cours d'un point presse lundi que le transfert des personnes depuis les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélémy se faisait en fonction des «priorités sanitaires et humanitaires» avec notamment une «priorité aux plus fragiles», et certainement pas en fonction de la nationalité.
Boris Johnson, ministre des Affaires étrangères, a également défendu lundi l'action du gouvernement britannique en affirmant que l'on assiste «à un effort britannique sans précédent pour gérer ce qui est une catastrophe sans précédent dans la région» et qui affecte «un demi-million de Britanniques» sur plusieurs îles. Quelque 32 millions de livres (35 millions d'euros) ont été dégagés pour l'assistance aux îles dévastées, dont «28 millions ont déjà été dépensés». Des fonds supplémentaires seront dégagés «dans les prochains jours», a ajouté Boris Johnson. «Nous sommes arrivés sur place dès que la crise a éclaté. Il n'y aurait eu aucun sens à envoyer un avion ou des bateaux alors qu'un ouragan était en approche», a-t-il dit.
Environ 700 militaires ont été envoyés vers Anguilla, les îles Turks et Caicos et les Iles vierges britanniques. Cinquante policiers supplémentaires ont également été mobilisés, notamment pour tenter d'empêcher les pillages, a ajouté le ministre, qui a jugé les critiques «totalement injustifiées». En revanche, pour le moment, aucun déplacement de ministre britannique n'est prévu dans la région.